Le lendemain, nous sommes allées à la médiathèque pour les TPE. Benjamin nous a lâchées, je ne sais même pas s'il a bossé sa partie. Lisa et moi avons exploré le rayon “la France de 1939 à 1945”. Nous cherchions des documents sur la propagande sous Vichy... Etonnamment, sur 50 bouquins, on en trouvait 40 sur la Résistance et 10 sur la collaboration. Genre : “Sous l'occupation, les Français ont résisté héroïquement”. Et ça, c'est pas de la propagande ? J'ai aussi fait un tour à l'étage “littérature” pour jeter un oeil aux écrits de L-F Céline, réputé pour avoir été de mèche avec les collabos. Mais bien sûr, les oeuvres les plus compromettantes n'étaient pas en rayon. On évite, on fait comme si rien n'avait existé. Quoi qu'il en soit, j'ai feuilleté deux romans : ce gars m'insupporte, par son style et par ses propos.
Sinon, nous avons avancé. Mais il reste du travail, et il faut tout rendre dans deux semaines... pendant lesquelles on va retourner en cours. Quand est-ce qu'on aura le temps de terminer ?
J'ai pas eu beaucoup de nouvelles de Bubulle et de Carlito, ça m'énerve.
J'ai trouvé un gars qui dessine sur des pare-brises sales. Epatant, non ?
Entre les sorties, les TPE, les discussions sur MSN et les moments où je ne fais rien, je n'ai pas réalisé tous mes objectifs. Oui, parfois, je ne fais rien... Vraiment rien. Je vous jure. Je ne sais pas comment c'est possible. Je suis assise quelque part, les yeux dans le vague, et l'heure tourne. Quand je m'en aperçois, j'ai envie de me baffer. Je préfère encore quand je fais autre chose que ce que j'avais prévu, puisqu'au moins c'est quelque chose. Bilan : je n'ai pas touché à ma guitare depuis un mois, il me reste beaucoup de devoirs à boucler et je n'ai pas écrit ma nouvelle pour le concours. C'est râpé, maintenant. Je vais me coucher dans quelques minutes et demain je dois donner un coup de talon pour les TPE ainsi que réapprendre à jouer de la guitare si je tiens à ma vie (mon prof de musique n'est pas si sauvage, mais je finirai par mourir d'une crise de nerfs). J'me hais. J'aime écrire et c'est quelque chose de très important pour moi, mais je suis infoutue d'avoir le temps et l'inspiration quand il faut. Une pseudo-écrivain devrait écrire fréquemment, non ? Pff. “Ecrivain” : c'est une des rares illusions dont je me berce depuis mon plus jeune âge. C'est sans doute idiot. Passons.
Le chat s'est encore blessé. Sachant que c'est fréquent et qu'en plus il a le sida, c'est très dangereux. Ma mère a décidé de prendre des mesures... Verdict : prison à perpétuité. J'ai pris la défense du chat : c'est un animal de nature libre qui a toujours vécu à la campagne, il est très malheureux quand il est enfermé. De plus, il se blesse généralement la nuit mais on peut le laisser sortir le jour. Un autre argument, qu'il ne faudrait pas négliger, est qu'il pousse des miaulements déchirants jour et nuit pour qu'on lui ouvre. Ça fait deux nuits qu'on ne dort pas -_- (non, ce n'est pas que pour ça que je me fais l'avocate de cette charmante créature). J'ai essayé d'avoir ma mère par les sentiments : “Imagine que tu te réveilles un matin pour découvrir que tu es emmurée dans ta maison ?”. Ça paraît idiot comme ça, mais elle est claustrophobe. Pourtant, elle n'a pas cédé. J'ai alors plaidé pour la liberté conditionnelle : sortie le jour, sous surveillance. Rien à faire. Quand je pense qu'il ne sortira plus jamais, sauf en cage pour rendre visite au véto... Ou les pattes arrières devant (en voilà une expression étrange ! Je ne pouvais tout de même pas dire “les pieds devant”). Plus jamais, jamais, jamais... Je comprends qu'il devienne fou. À l'heure où j'écris ces lignes, il me casse les oreilles. Le jour où il s'échappe, je vous le dis, il reviendra plus. Tandis que, libre, il restait de bonne grâce.
J'ai regardé L'Armée des douze singes, avec Bruce Willis et Brad Pitt. Pas mal, mais triste.