Dimanche 11 avril 2010 à 22:08

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Je suis allée voir hier soir le film de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global. Comme on pouvait s'y attendre en voyant la bande-annonce sur Internet, le film a un petit côté bobo dont je sais qu'il en agacerait plus d'un, mais assez sympathique.

Il y a certaines choses auxquelles je n'ai pas adhéré. D'abord ce côté un peu mystique, un certain regard porté sur la terre nourricière ; et ensuite, mais c'est lié au premier point, une opposition systématique entre d'une part une agriculture masculine, machiste, une agriculture du « produire toujours plus » à grands renforts de pesticides et d'engrais chimiques, une agriculture qui « viole » notre mère la terre, et d'autre part une agriculture féminine, respectueuse de la vie. Pour moi, l'écologie n'a rien à voir avec la spiritualité, et de plus, ma vision assez égalitariste des sexes me laisse assez sceptique face à ces fantasmes sexués. On dénonce en passant les meurtres de petites filles en Inde : c'est une bonne chose de les dénoncer, mais je n'ai pas très bien saisi le rapport. Apparemment, la vision du monde exprimée ici est censée être une forme de féminisme...

Il n'y a pas que cela dans le film, néanmoins : je pense avoir appris des choses, et certains éléments me semblent assez convaincants. L'instauration des pratiques agricoles modernes aurait moins répondu aux besoins des paysans que créé ces besoins : on leur a expliqué qu'il leur fallait des machines, des engrais, des pesticides pour produire le plus possible. L'utilisation de pesticides stérilise le sol en dévastant la vie qui y grouille habituellement (insectes, vers de terre et autres, qui produisent de l'engrais naturel et aèrent l'humus en creusant des galeries), de sorte que les terres ayant subi ce traitement ne peuvent plus rien produire sans l'aide des engrais, qu'ils doivent donc racheter. De nombreuses terres cultivées seraient ainsi des « déserts virtuels », ne continuant à produire que par la force de ces substances ajoutées qui polluent les nappes phréatiques et mettent en danger les consommateurs (elles seraient même à l'origine de certaines malformations, mais il est étrangement impossible d'obtenir des crédits pour lancer la recherche là-dessus). D'ailleurs, puisque tout le monde est équipé pour la production intensive, abandonner ces techniques signifie renoncer à la compétitivité qui fait la loi. Tout cela permet à l'industrie (dont la multinationale Monsanto) de s'enrichir, avec l'aide des autorités qui subventionnent ces achats et renflouent les paysans qui (claquant une partie de leurs revenus dans ces équipements et produits) seraient ruinés ou du moins vivraient mal sans ces subventions. « La révolution verte était verte par couleur du dollar », affirme un intervenant du film dont j'ai oublié le nom. La question du catalogue de semences (dont j'avais déjà entendu parler) est aussi évoquée : il est interdit de cultiver d'autres variétés que celles qui y sont répertoriées,et qui ne durent souvent qu'un an (et doivent donc être rachetées à chaque fois à Monsanto). Ce n'est pas une question de sécurité : vous risquez des sanctions même si vos cultures sont tout à fait saines.

Le film propose d'autres modes de culture, moins productifs mais respectueux de l'environnement et conservant un sol fertile (que l'on reconnaît à sa consistance « comme du couscous », alors que le sol stérile est dur comme du béton, empêchant les racines de pénétrer profondément dans le sol). On nous suggère d'autres manières de consommer : acheter directement au producteur (puisque l'agriculture bio est moins rentable, moins d'intermédiaires = plus d'argent pour le cultivateur, ce qui compense une production plus faible)... Facile à dire et difficile à trouver (surtout en ville). On nous donne aussi des recettes d'engrais « maison ».

Bien que répertorié comme « documentaire », Solutions locales ne se prétend pas tel, mais s'assume comme ce qu'il est, c'est-à-dire un message politique orienté (on ne peut donc lui reprocher son manque d'objectivité). La forme semble un peu bricolée, le montage un peu maladroit, les sous-titres assez aléatoires (ils sont parfois remplacés par une voix-off) mais le contenu est intéressant. Je n'ai pas rendu compte de tout, loin de là : la lecture de cet article ne remplace donc pas le film. Et quand on sort, on a bien envie de « cultiver son jardin » (plus efficace que Candide !). Influençable ?

Je suis quand même curieuse de connaître les contre-arguments qu'on peut opposer à ce message, mais je suppose que la plupart des spectateurs, qui ont payé la place, étaient déjà plus ou moins gagnés la cause défendue. Même sur le site du Figaro, je n'ai pas trouvé de critique négative !



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