Mardi 23 février 2010 à 20:41

Lorsque j'essaie de me forcer à travailler, je ne peux pas me concentrer. Tout en moi se révolte contre ce travail, j'ai beau faire, je ne peux y enchaîner ma pensée. Je peux rester des heures, je peux rester une journée entière à essayer, mais sans rien faire. Mes pensées s'évadent sans relâche, insaisissables, impossibles à fixer sur la feuille. Sans écrire une ligne. Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas. Comme un cheval qui tire au renard. Il y a de ces nœuds qui, lorsqu'on tire, se resserrent davantage : je suis prisonnière d'un de ceux-là. Plus je rechigne au travail, plus je risque d'en subir les conséquences. Je fais des efforts, pourtant. J'essaie encore, et encore, et encore. Je me répète que puisque je suis ici, je dois jouer le jeu, ne pas accepter de terminer sur un sentiment d'échec. Il serait facile de prendre tout cela à la légère et d'affirmer à la fin que « oh, bien sûr, mes résultats ont été mauvais puisque que je ne travaillais pas... ». Sous-entendu, si je m'étais donné la peine, vous auriez vu. Ce serait même trop facile... Il faut prendre le risque de tenter et donc d'échouer, sinon on ne fait jamais rien dans la vie (décidément, ces temps-ci, je fais de la philo de canapé). Mais d'un autre côté, je n'y crois pas, de une, et de deux je m'en fous un peu de ce concours. Si je me fais violence, c'est plutôt un défi personnel, une tentative de sauvetage de mon ego. Mais une lutte à mort se joue entre ce qui en moi veut le faire et ce qui en moi en a assez, plus qu'assez. Cette partie-là est la plus forte, elle se révolte, ne se plie pas à mes ordres. Je passe plus de temps à me battre contre moi-même qu'à travailler. Je fournis aussi peu de travail que si, en effet, j'avais décidé de ne faire aucun effort, sauf qu'en réalité j'en fais. Gâcher de précieuses heures à ne rien faire, c'est rageant : tant qu'à ne pas travailler, j'aurais aussi bien pu m'amuser. Lorsque je pense au temps où la prépa me plaisait, cela me semble si loin. L'état d'esprit que j'ai mentionné hier s'est souvent révélé un remède efficace : combien de fois ai-je réussi à me remonter le moral toute seule, combien de fois ai-je rappelé tout mon courage, tout mon optimisme ! Joue donc, mon orchestre, la vie est belle avec ou sans prépa ! Mais avec le temps, mes défenses se fissurent. Lorsque mon orchestre joue pour moi, en ce moment, il ne joue pas toujours aussi fort qu'avant, et j'ai l'impression d'être un peu autiste. Je suis enfermée dans une bulle de travail, auto-flagellation psychologique, tentatives d'euphorie artificielle qui compenseraient ce calvaire. La musique et ma folie m'ont souvent aidée, mais connaissent leurs limites. Et personne ne peut m'aider. Je ne travaille pas vraiment, pas comme il faudrait, et pourtant je suis fatiguée. Quoi que je fasse, rien ne change. Au premier concours blanc de géo, je n'ai pas su répondre au sujet et j'ai presque rendu copie blanche, ou plutôt j'ai rédigé une copie double symbolique avec deux ou trois banalités : j'ai eu quatre, bien payé pour ce que c'est. Au deuxième concours blanc, je suis restée la totalité du temps imparti et j'ai rendu un vrai devoir, du moins je le croyais. Aujourd'hui, recevant un mail du prof de philo nous informant qu'il a mis en ligne nos résultats, j'en profite pour regarder aussi la note de géo. 5. À ce compte-là, j'aurais pu faire comme la dernière fois. À quoi ça sert que je fasse des efforts ? À rien. À rien. À rien. Je suis tellement nulle, j'ai souvent envie de laisser tomber puisque ce que je fais est complètement inutile, mais comme je suis maso, je continue. Heureusement, venir déverser ma bile ici, ça me soulage. C'est déjà ça.

Lundi 22 février 2010 à 22:31

On ne choisit pas : il y a des moments pénibles. On ne peut négocier en venant au monde pour ne garder que le plaisir, c'est un lot, un panier garni. On doit tout prendre ; peu importe, ça vaut le coup. Pas de discours désabusés sur la vie cruelle, la vie absurde : c'est notre vie, il n'y en a pas d'autre. Jouissons-en tant que nous le pouvons, essuyons calmement les tempêtes ; avec le sourire, s'il vous plaît. Oui, ça fait mal parfois, et alors ? Ça fait partie du jeu. Ça prouve que nous sommes vivants. Il ne s'agit pas de vouloir effacer, nier ces moments difficiles, ni de les considérer à part, en se disant que le bonheur était avant ou sera après. Le bonheur n'est pas un état qu'il faut atteindre pour n'en plus bouger, c'est une manière d'être chaque jour, avec ou sans douleur. Que l'allégresse soit plus forte que vos brûlures quotidiennes. C'est comme danser sur les braises, comme chanter lorsqu'on va au front. C'est un pied de nez aux coups de fouet du hasard, c'est être invincible. Jetez votre joie à la face de vos ennuis, dansez sur les cadavres de vos soucis, laissez-vous enivrer par le rythme sauvage des battements de votre cœur. Peu importe ce qui se trouve sous vos pas, nul éclat de verre ne peut ralentir la cadence de vos pieds meurtris. C'est un chant, c'est un grand rire intérieur qui vous secoue tout entier et qui surpasse le cri d'angoisse qui est aussi en vous.

 

J'ai convoqué si souvent le Rire ces derniers temps qu'il se transforme parfois en rictus, mais qu'aurais-je fait sans lui.

Mardi 3 novembre 2009 à 23:05

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Samedi soir, petite soirée entre amis dans l'appartement de J. Elle a choisi de nous montrer Chambre 1408, un film de Mikaël Hafstrom.

Mike Enslin, auteur de romans d'épouvante, puise son inspiration dans divers lieux réputés maudits : maisons dites hantées, cimetières... Il ne croit cependant pas aux phénomènes paranormaux. Il reçoit un jour une carte postale du Dolphin Hotel ; au dos, il est écrit : « N'entrez pas dans la 1408 » (au passage, il remarque que 1+4+0+8=13 ! Très fin, n'est-ce pas ?). Immédiatement, cela va de soi, il envisage de réserver cette chambre, même si cela signifie retourner à New York où se trouve son ancienne compagne, qu'il a quittée après la mort de leur fille. La réponse de l'hôtel au téléphone est bien étrange : avant même de connaître la date de la réservation, ils affirment que la chambre 1408 n'est pas disponible. Ni tel jour, ni le suivant, ni un mois plus tard, ni un an... Après s'être assuré que la loi lui permettait de poursuivre l'hôtel en justice si on refusait de lui louer cette chambre, Mike Enslin s'y rend donc en personne, exigeant la 1408. Devant son insistance, le gérant de l'hôtel invite Mike dans son bureau et lui révèle que suite à de nombreuses morts inexpliquées dans cette chambre, dont certaines morts naturelles (!), cette chambre (ainsi que l'étage tout entier) n'était plus louée. Personne n'a tenu plus d'une heure dans cette chambre. Il le supplie, photos des cadavres à l'appui, de renoncer à son projet. Mike, ébranlé, décide pourtant de faire ce qu'il avait prévu. C'est le début d'une heure interminable, un compte à rebours durant lequel Mike vivra un vrai calvaire.

Une histoire de chambre maudite, c'est assez commun. Pendant une partie du film, je trouvais que cela ressemblait plus à une succession d'évènements délirants qu'à un vrai scénario. Et pourtant... Il y a de bonnes idées vers la fin, de réelles surprises. Le dénouement est assez classe. De plus, j'ai bien aimé John Cusack dans le rôle principal. Tout cela m'a permis de terminer sur une bonne impression. Cependant, cela n'efface pas le sentiment de certains manques dans l'intrigue. On évoque vaguement le passé de Mike Enslin, en nous donnant l'impression qu'il comporte des éléments importants, et finalement nous n'en savons jamais plus. Nous ne savons pas non plus comment la chambre 1408 est devenue maudite : d'habitude, il y a une histoire de fantôme ou de sortilège derrière ces histoires... ce qui n'est guère original, je vous l'accorde, mais on pouvait aussi trouver une meilleure explication. Je ne peux m'empêcher d'être curieuse. Mais au fond, ce n'était peut-être pas si important : l'intérêt du film est dans ce que vit le personnage principal, dont on se demande parfois s'il n'est pas tout simplement fou.

 

Je vais devoir y retourner... Pas dans la chambre 1408, mais en cours. Il y a un an, j'étais ravie. Maintenant, c'est un peu différent. Mais, bah, ce n'est que l'affaire de quelque mois. Et puis c'était tout à fait supportable pour l'instant. Je vais juste devoir faire abstraction de la nuit qui tombe si tôt...



Vendredi 21 août 2009 à 11:47

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En 1941, dans la France occupée, la jeune juive Shoshanna Dreyfus assiste au meurtre de sa famille par les hommes du SS Hans Landa mais parvient à s’échapper. Quatre ans plus tard, elle a refait sa vie sous un autre nom, Emmanuelle Mimieux. Elle vit grâce au cinéma qu’elle tient de sa « tante » Mme Mimieux. Un jeune soldat allemand, acteur de son propre rôle dans La fierté de la Nation, un film de propagande patriotique allemande, obtient que la première de son film ait lieu dans le cinéma d’Emmanuelle dont il s’est entichée. La jeune fille décide que ce soir-là, avec l’aide de Marcel, son amant et employé, elle mettra le feu au cinéma rempli de nazis.

Pendant ce temps, les Basterds, un groupe armé clandestin, sèment la terreur parmi les nazis qu’ils traquent sans relâche. Ils décident de monter un attentat contre Hitler et ses plus proches collaborateurs à l’occasion de la première de La fierté de la Nation...

Hier, on m’a proposé d’aller voir ce film. J’avais beaucoup de préjugés défavorables à son propos : je n’en connaissais même pas le sujet (ou plutôt j’en avais entendu parler mais l’avais oublié), cependant l’affiche et le titre ne me disaient rien et me semblaient signaler un film pas très fin. De plus, on m’avait plus ou moins raconté Kill Bill, autre film de Tarantino, et affirmé que tous ses films étaient un peu du même goût. Finalement, j’ai quand même cédé et ce fut une bonne surprise. Certes, c’est un peu violent, mais il y a un vrai scénario, pas un simple prétexte pour montrer des gens qui s’étripent. J’étais suspendue au fil de l’histoire du début à la fin, tendue à chaque rebondissement et admirant le jeu des acteurs, que ce soit celui de Mélanie Laurent en Shoshanna, sobre mais juste, ou le jeu charismatique de Christoph Waltz dans le rôle de ce salaud et diabolique Hans Landa, opportuniste très doué et sans scrupules plus que nazi convaincu. S’il y avait eu une dictature communiste, il aurait travaillé pour les communistes. C’est un film prenant bien qu’aucun personnage ne soit très sympathique (pas de gentils et de méchants ici, les antinazis ne sont pas beaucoup plus fins que ceux qu’ils combattent). Et puis, quand même, on rit aussi par moments, notamment lorsque le chef des Basterds Aldo Taine, dit « Aldo l’Apache », interprété par Brad Pitt, tente de se faire passer pour un Italien...



Samedi 18 avril 2009 à 16:52

La plupart du temps, je me dis : la khâgne, surtout pas ! Et de temps en temps, j'envisage malgré tout de continuer la prépa, avant de changer à nouveau mon fusil d'épaule. Lorsque je veux quitter la prépa, j'échafaude des plans qui changent régulièrement. J'ai pensé à : une double licence Turc (à l'INALCO) plus ethnologie; un double cursus ISIT-Turc ; une double licence Turc-philo ; une double licence Grec moderne-ethnologie à Montpellier (puisque là, il n'y a pas de Turc, et que j'hésite sur la langue que je veux apprendre). Je ne suis pas tout à fait aussi atteinte que *** (qui a pensé à Sciences cognitives, à maths-informatique, à Lettres modernes, à école de journalisme, à Histoire, à Géographie...) mais quand même.

Il y a trois jours, j'étais partie pour Turc-philo à Paris.
Aujourd'hui, je me dis : et pourquoi pas une khâgne ? J'avoue que j'appréhende un peu, que je tire déjà la langue en cette fin d'hypo. Mais globalement, il me semble avoir été en meilleure forme psychologique pendant l'année que certains khâmarades qui veulent pourtant continuer... Je devrais donc survivre, non ? Une khâgne me permet d'esquiver une fois de plus l'obligation de faire des choix, puisque visiblement je n'arrive pas à me fixer et que je risque de prendre un peu n'importe quoi (en fait, ça sera un peu pareil l'an prochain, mais bon...). Et ensuite, je peux toujours raccrocher quelque chose à la fac. Certes, je n'aurai pas d'équivalence de Turc, mais passer en L3 d'Anglais et commencer le Turc en parallèle, ça doit être faisable (il n'y a pas beaucoup d'heures par semaine en Turc, j'ai regardé les horaires sur Internet). Ensuite, il y a des masters qui peuvent mener à des métiers dans l'interculturalité, la traduction, peut-être aussi des domaines que je ne soupçonne pas encore.
Et puis, si j'étais vraiment traumatisée par la prépa, j'imagine que je n'hésiterais pas une seule seconde à laisser tomber.

En fait, si je passe en khâgne, voilà ce qui m'attend :

- Nous voici à l'avant-veille de la rentrée des vacances de Pâques, fin avril. Nous allons travailler "normalement" (c'est-à-dire comme des barges) pendant un mois,  puis les quatre dernières semaines seront plus légères (fin des DS et sans doute aussi des gros DM, que les profs n'auraient pas le temps de corriger avant la fin). A noter : il y a trois week-ends de trois jours. Ça devrait aller.
- Je vais m'amuser pendant les deux mois d'été, malgré la bibliographie du feu de Dieu qu'on va nous donner (j'vais m'gêner).
- Non pas un an, mais seulement huit mois intenses en comptant le passage du concours (qui commence mi-avril). Huit mois, ça passe très vite. Il suffit de voir combien cette année a filé.

Et après tout ça, je n'aurai que 20 ans, ce n'est pas comme si j'avais passé toute ma jeunesse là-dedans. Et je deviendrai un mythe vivant car j'aurai survécu à deux ans de prépa ;-).

Sur ce, je vais faire ma dissertation de philo pour mardi matin, dont je n'ai même pas terminé le plan détaillé (sachant que demain après-midi je prends le train et que lundi soir j'ai trois heures de pratique théâtrale). Si je ne traîne pas trop, ça ira peut-être.

Et après ça parle d'aller en khâgne...

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