Samedi 5 janvier 2008 à 1:57

Nous étions nombreux dans ce rêve. Se déroulait-il dans un château, une résidence, un village ? Il me semble que nous vivions tous ensemble. J'avais reçu (mais de qui donc ?) un objet, une pierre bleue, je crois. Etait-elle magique ou n'était-elle qu'un symbole ? Le symbole de la mission que je portais, de mon appartenance à la catégorie des hors-la-loi ; la preuve de ma culpabilité, celle qui causerait ma perte si on la trouvait en ma possession. Cet objet dans ma poche : un premier pas vers l'interdit. Bien que je n'en saisisse pas immédiatement la signification, le simple fait de le détenir posait sur mes épaules la charge écrasante de la faute. Certains évènements surviennent ; le pouvoir de la pierre s'est-il exercé sans que je le veuille ? On m'accuse d'en être responsable ; on m'accuse de détenir cet objet. Je ne comprends pas : je ne sais ce qu'il m'arrive, je ne sais ce qu'est cet objet. Un homme important (un doyen, le maire, le châtelain ?) fait taire mes détracteurs d'un geste de la main. Il bénéficie du respect, du prestige que lui confèrent ses cheveux gris et son autorité calme. Il s'adresse à moi d'une voix douce : suis-je fautive ? Il ne semble pas le croire toutefois. Devant ma surprise, mon incompréhension, il s'adresse aux autres : elle est innocente, vous le voyez bien ; elle ne sait même pas de quoi nous parlons.

Un saut dans le temps. À présent, je sais. Je sais quel est cet objet, sa signification, son utilisation. J'enfreins sciemment la loi pour mener à bien la mission dont j'ai été investie à l'instant ou cet objet est entré en ma possession. Mon innocence n'est plus, ma culpabilité déjà ébauchée est à présent complète, je suis entrée dans la faute jusqu'au cou ; mais il le fallait. Je fais quelque chose de bien. J'ai peur qu'on me découvre. On m'incrimine à nouveau, avec plus de conviction. Y a-t-il des preuves contre moi ? Je ne sais plus ; je le crois. Cette fois je sais quelles sont les accusations portées contre moi, je sais qu'elles sont fondées. Je sais que c'est moi qu'ils cherchent, je sais que je suis en danger. Le doyen s'adresse à nouveau à moi, déçu sans doute ; d'un ton grave, un peu incrédule, il me demande des explications. Mon coeur palpite, mes mains tremblent ; je tente de contrefaire l'expression de surprise innocente qui m'avait si bien sauvée la première fois. Mes muscles tendus m'obéissent à peine et je ne parviens qu'à afficher un masque peu convaincant. Plus de douceur à présent sur le visage du doyen : ses traits durs, accusateurs, irradient d'une colère froide. Je suis une piètre comédienne, il a compris, je suis perdue.
« C'est elle. »
Oui, c'est moi. C'est moi qu'ils cherchaient, c'est moi qu'ils doivent neutraliser, c'est moi qui ai bravé leurs règles. Ce que j'ai fait est grave, je suis en danger. Je suis hors-la-loi et cette responsabilité est écrasante : les mots “Je suis coupable”, gravés dans ma chair, sont à présent visibles à chacun. Je n'ai pas de remords car je sais que j'avais raison d'agir ainsi. Mon seul regret est d'avoir échoué, de m'être faite prendre. Et j'ai peur, car je ne vois pas d'issue.



C'était tellement vrai. Même si je n'ai rien compris. Ce rêve tourne et retourne dans mon esprit depuis deux jours, car il est différent des autres : au lieu d'être une succession d'images sans queue ni tête, il m'a procuré des sentiments si réalistes que j'ai l'impression de les avoir déjà vécus. Mais, honnêtement, je ne vois pas quand.

Jeudi 27 décembre 2007 à 20:44


Mi-éveillée, mi-endormie, les idées vagues, un étrange malaise lui rongeait le ventre. Il arrivait souvent qu'un mot, une phrase ou une mélodie lui reviennent sans cesse pendant la nuit. Anxiogène. Aujourd'hui, c'était anxiogène. Elle avait ce mot sur les lèvres lorsqu'elle s'éveilla, ou prit conscience qu'elle était éveillée. Quel était ce sentiment ? Une légère lassitude, un tristesse sans nom, une angoisse inexpliquée. Il lui semblait qu'elle avait été blessée ou qu'elle se préparait à affronter une situation pénible ; pourtant, en y réfléchissant, ce n'était pas le cas. Pourquoi ses entrailles se serraient-elles ainsi ? Elle se leva, affrontant le sol glacé, et s'en fut au salon. Pas de sapin mais des lambeaux de papier cadeau éparpillés sur le sol. Ces paquets soigneusements faits, éventrés en un instant hier. Ces présents achetés sur demande, car on ne savait pas quoi offrir, acceptés sans surprise. Ce menu préparé depuis un mois, consommé en quelques bouchées.
 Le soleil emplissait la cuisine de sa lumière hivernale. Il avait toujours fait beau à Noël, aussi loin que portait sa mémoire. Mais aussi loin que portait sa mémoire, elle n'avait jamais eu cette sensation désagréable le jour de Noël.

Dimanche 16 décembre 2007 à 15:56

Je nie les fées

Je n'y crois pas à ces histoires
Ces fables à dormir debout
Au placard j'ai rangé l'espoir
Mes déceptions mises bout à bout
Se mettent à chanter en choeur
Se mettent à crier rancœur
Mes sentiments furent déçus
Et je n'crois pas au prince charmant
Non pas de prince car le char ment
Et si seulement j'avais su
Que la magie n'existait pas
Qu'y croire était une faiblesse
Car la fée rit, car la fée blesse
Les fées se jouent de nous n'est-ce pas
Je joue désormais en solo
Dans ma voix quelques trémolos
Méfiez-vous car le car à bosses
Ne vous mènera pas aux noces
Si parfois je n'peux m'empêcher
D'y croire quand même j'en suis fâchée
Tant pis pour mes contes-radictions
L'une trouva le bonheur hier
Mais méfiez-vous des fées d'hiver
Car vous n'obtiendrez pas la même bénédiction.

Dimanche 4 novembre 2007 à 22:02



Jadis, dit-on, on les voyait ici et là. Flânant à Paris, traînant leur bohème, voyageant de ci de là, vivant d'amour et d'eau fraîche. Passionnés enflammés allumés. Une musique au coin d'une rue, un rendez-vous dans un café, des discussions animées. Des semelles usées d'avoir tant servi. Le cheveu en bataille, le cœur en bandoulière, prêts, ah ! changer les gens, changer le monde. Ils exaltaient leur génie, réinventaient, provoquaient, se querellaient. D'une plume allègre, d'un pinceau génial, ils ouvraient leur propre voie, créaient leur manifeste. À Montmartre ou ailleurs, ils recevaient, vibrants, cet excitant baptême de l'art ; ils capturaient des idées pour les apporter aux hommes. Que sont-ils devenus ?

Ces chasseurs de rêves
Parfois romantiques, un brin hérétiques
Sans les lois antiques refont l'esthétique

[L'image vient d'ici].

Dimanche 16 septembre 2007 à 19:22

À bras-le-cœur

Ton corps tout blanc
Est si troublant
Mais ton ombre
Est si sombre
Trou noir troublant
Ah qu'elle rit
Ton égérie
Sangsue ! Elle, sensuelle...
Et moi
En émoi
Il n'est plus là, mon garde du cœur
Vaincu par ma langueur
J'ai attendu de longues heures
Devant ta porte, et mes pleurs
Masquent mon désir vengeur
Prends-moi donc à bras-le-cœur
Je la noierai céans
Dans mon sombre océan
Bateau bâtard de mes sentiments
Mon cœur meurt et le sang t'y ment
C'est là où le mat blesse
Tu es ma seule faiblesse


[Ce poème, qui m'est venu tout à l'heure, n'est pas autobiographique. Il est un peu maladroit, bidon et niais, je vous l'accorde, mais me tapez pas.]

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