Dimanche 10 juin 2007 à 19:26

Il fait clair ce soir : les grillons s'en donnent à cœur joie. Il fait doux : ce que je veux c'est la musique les amis les jeux... c'est tout. Pépiez crissez, la brise sur mes joue. Et joue dans mes cheveux. Le chant de la tourterelle ! Cette soirée m'appelle. Au loin, les enfants des voisins emplissent le quartier de cris. Les pins me tendent leurs mains, et puis le thym, le romarin. L'olivier, émerveillé, tend son visage vers les nuages. Des invités d'été dans une soirée bavarde empliraient de leurs rires le soir qui tombe. Les duvets sur l'herbe, les confidences incessantes, les sourires : sur les lèvres et dans les yeux. À la fin s'endormir, ou peut-être pas. Je veux rester dehors, je ne dois pas avoir tort. Tout en moi espère les veillées estivales, et pour le moment râle... Je n'ai pas sommeil ce soir, espoir... Mais je m'enferme dans le noir.



[J'ai pris ma guitare, hier et aujourd'hui. J'ai joué des morceaux anciens qui me sont revenus sans trop d'efforts. Ils prenaient sous mes doigts un goût salé et sucré à la fois... nostalgique. Dire que j'ai attendu de ne plus prendre de cours pour en jouer de moi-même. Dire qu'il y a deux semaines, je n'y touchais pas- sauf le jeudi : trop démotivée. Maintenant, je suis tombée si bas que cela ne me fait plus rien. J'ai échoué comme une baleine sur la plage, alors prenons-le avec le sourire. Offrons-nous quelques morceaux simples, pour le plaisir...

Demain et après-demain, je passe le bac de sciences, de maths et l'écrit du Français. Souhaitez-moi bonne chance !... Sauf si personne ne me lit, auquel cas, c'est promis, je n'en voudrai pas à ceux qui ne connaissent pas mon existence de ne pas m'avoir soutenue. ]

Image : Listening fields de Rob Gonsalves

Samedi 12 mai 2007 à 19:01

Le vide se loge d'abord au creux de votre estomac. Il s'agrandit ensuite ; il s'étend dans vos veines, s'insinue dans votre chair et dans vos membres. Il remonte jusqu'au coeur, jusqu'au cerveau. Une enveloppe de coton vous étouffe, vous empêche de hurler. Vous ne pouvez crier ; juste sourire. L'angoisse qui couve, qui gronde, s'agite, menace, et que vous tentez de maîtriser, ne concerne que vous. Vous n'avez, de toute façon, aucune raison d'avoir peur, aucune raison d'être mal : oui, parfaitement, vous avez tout pour être heureux.

On stimule vos capacités intellectuelles, on vous fait réfléchir. On coupe les cheveux en quatre, mais cela vous évite ainsi de songer à votre angoisse. Et de l'affronter. On vous donne des choses à faire, des objectifs à remplir pour vous donner l'illusion de poursuivre un but dans la vie.

Oui, vous avez tout pour être heureux ! Sauf une histoire, peut-être. Sauf le droit de respirer, de s'extirper de cet amas de coton qui vous retient prisonnier, de vous jeter à corps perdu dans le monde, de donner libre cours à vos envies. Sauf l'amour, dont vous n'êtes d'ailleurs pas sûr de vouloir. Vous pouvez, en revanche, faire taire votre angoisse ; rester éternellement affamé, assoiffé, ne pouvant saisir la vie toute proche qui se dérobe sous vos doigts ; renoncer à vous poser des questions, rester à votre place : tant pis pour le vide... Qu'il vous envahisse, ce vide, qu'il vous détruise, qu'il vous absorbe ! Le monde s'en portera aussi bien.

Vous ne pouvez vous plaindre, car vous êtes mieux loti que d'autres ; vous ne pouvez vous plaindre, car personne ne vous a causé du tort. Vous ne pouvez vous plaindre, car vous ne pouvez nommer les causes de votre mal. Vous ne pouvez vous plaindre, en somme, car vous êtes heureux.

Dimanche 6 mai 2007 à 21:19

Lorsque tout devient possible

Toutes les semaines travaillez soixante-dix heures
Vous gagnerez, je vous assure c'est le bonheur
Depuis mon beau palais je vous verrai bosser
Allez au travail bande de sales assistés

N'aidons surtout surtout pas les déshérités
Car ils l'ont très certainement bien mérité
Faites moins payer ceux qui en ont les moyens
Et compliquez la tâche à ceux qui gagnent rien

Pourquoi mener une politique sociale ?
Amis, oubliez ces fadaises sentimentales
Je vous apprendrai le respect et la morale

De notre grande Nation hissons le drapeau
Réduisez les dépenses et baissez les impôts
Ici, fini de rire, c'est chacun pour sa peau !

Mercredi 11 avril 2007 à 21:20

Paris. Si j'y suis née, j'y ai peu vécu. Souvenirs lointains, confus. J'ai grandi dans le Sud, ensuite. Garrigue, pins, cigales. Terre tour à tour desséchée ou inondée.
Paris. Un bref retour il y a onze ans, deux ans après mon départ. Quatre jours.
Paris. Trottoirs et pigeons. Des serpents d'acier parcourent à grand fracas les entrailles de la terre. Musiciens sur les quais, tickets oubliés au fond d'une poche. Pour la deuxième fois de ma vie, c'est un retour à la source. Dans la maison de mon oncle, qui fut la nôtre autrefois.
Paris ! Les lieux où mes pas m'ont portée autrefois. Le chemin de l'école du quartier : ma grande soeur m'y emmenait ; “Regarde devant toi ! me disait-elle, ne regarde pas tes pieds !” ; les caves de l'immeuble : on y avait mis de la mort aux rats, on m'ordonnait de ne pas y toucher, je songeais : “évidemment !” ; le parc floral : je ne m'en souvenais guère. À moins que... Une image, peut-être, fugitive et incertaine. Un long toboggan, rouge dans mon souvenir mais à présent jaune et bleu.
Paris ! Histoire, culture, monuments, expositions. Nous avons marché. Je voulais voir la tour Eiffel, je ne l'ai vue que d'en bas. Je n'ai pas osé me joindre à la fourmilière qui patientait à ses pieds pour gravir son corps immense.
Paris ! Je préfère vivre à la campagne, mais j'admets que j'apprécie la capitale... au moins pour y séjourner. À la longue, le bitume me chagrinerait sans doute... Là-bas, tout est si proche : expositions, cinémas, théâtres, édifices imposants, restaurants japonais qui servent autre chose que les classiques sushis. Les transports en communs... Quelle facilité ! Vous vous rendez sans difficulté d'un point à un autre. Ce n'est pas si aisé, ici.
Paris : c'est là qu'habite Sophie, rencontrée cet été à Valence. Nous nous sommes revues pour déguster au pied de la Dame de fer les frites les plus chères du pays, assaisonnées de quelques gouttes de ketchup dilué. Ça ne fait rien.
Paris, si vous habitez chez mon oncle, est l'endroit idéal pour apprendre à parler Estonien.
Paris, j'en reviens aujourd'hui.


Jeudi 5 avril 2007 à 21:52

Je ne sais pas ce qui m'a prise. Tout à l'heure, j'ai écrit une chanson. Une toute petite chanson, mais c'en est une. Je ne peux pas vous la faire écouter (il faudrait pour cela que je m'enregistre en train de la chanter, mais j'ai la flemme pour l'instant). En revanche, voici les paroles (je crois qu'elles ont presque autant de sens que celles d'Indochine... Waouh... La gloire est proche... ^^')




Libre

Dans un monde terre à terre
Qui n'a plus ou peu d'mystère
Un rêv' peu à peu s'élève
Et la fin du jour s'achève

Dans un mond' privé de sens
D'un espoir bien fou l'essence
S'élevant dans la nuit brune
Cherche à décrocher la lune

Et l'éclat du firmament
Illumine le moment
Où l'enfant, jadis si sage
Rassemble tout son courage

Un grand escalier de jade
Apparaît pour qu'il s'évade
Les marches bien vite montées
Mènent à la liberté.


[Certes, sur l'image, l'escalier n'est pas en jade. Mais c'est l'illustration qui correspond le mieux.]

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