Dimanche 29 juin 2008 à 17:09

Goutte à goutte, je disparais. Elle s'évanouit, cette eau sucrée, cette ambroisie. Coûte que coûte, nous cherchons tous à en jouir. Parfois nous la consommons avec parcimonie, faisant fondre lentement, sur la pointe de la langue, une goutte, puis une autre ; parfois nous la buvons goulûment, sans ménagement, jusqu'à l'ivresse, jusqu'à l'épuisement.

Pas à pas, je disparais. Je marche vers l'ombre, vers la brume, vers le néant. Je cherche à ralentir en chemin ; je grave sur le cristal de mes yeux les détails du paysage ; j'écris sur les partitions de mes tympans les divines mélodies qui m'accompagnent ; j'emprisonne les goûts et les odeurs qui me tiennent à cœur ; je fixe en ma mémoire de multiples effleurements ; et ce faisant le magnétisme du néant l'emporte sur le reste.

Peu à peu, je disparais. Feu à feu je me consume, sans savoir pour quoi, ni comment. Je me distrais, je fais ce qu'il me plaît, je me dis qu'il existe un chemin, qu'il suffit de le trouver ; mais ma lumière est trop faible, je n'y parviens pas. Je me dis qu'il importe peu, que s'il n'existe aucun chemin, alors c'est que nous sommes libres ; et je me distrais, je ravive ma flamme de mes désirs, je brandis des rêves qui semblent canaliser mon angoisse. Je sais que tout cela n'est qu'illusion, mais je préfère l'ignorer. Agir comme si de rien n'était. Nous raisonnons mal : nous cherchons un sens à notre combustion ; or la seule chose qui compte, c'est de vivre en attendant la fin.


Dimanche 20 avril 2008 à 23:41

Les gens connus sont exceptionnels. Leur vie est trépidante, leur caractère original. On se plaît à vanter leurs qualités, pointer du doigt leurs défauts, s'étendre longuement sur leurs goûts et leur psychologie. On écrit leur biographie. On tourne à leur sujet des films émouvants ou qui se présentent comme tels. On les commémore, on tourne et retourne leur image, on vous les rend familiers tout en les grandissant. Ces individus, sortis de la masse lisse des anonymes, deviennent des personnages tout en relief.

Et finalement, ce phénomène se produit également tout près de vous. Les gens semblent parfois tous les mêmes. Pourtant, lorsque vous commencez à connaître quelqu'un, il s'extrait doucement de la matière lisse, celle dont est fait le reste du monde ; ses contours se précisent, des couleurs lui viennent, et il devient pour vous quelqu'un d'exceptionnel.

Moi aussi je veux faire le portrait des miens. J'esquisserai leurs goûts, leurs envies et leurs ambitions. Je peindrai les nuances infinies de leur tempérament. Je choisirai des anecdotes savoureuses. Je repasserai au feutre noir leurs faits et gestes. Je magnifierai leurs passions, m'extasierai sur leurs qualités, mettrai en couleur leurs caprices et leurs imperfections, encadrerai leur personne afin qu'ils soient, comme tout le monde, des gens pas comme les autres.

Vendredi 29 février 2008 à 9:54



Rome antique, Rome moderne ; romantique, éternelle. Rome merveille, si vieille. Rome alcoolisée : l'ivresse du voyage... À Rome le Colisée a traversé les âges. Le forum latin et le mont Palatin, basiliques et obélisques, gladiateurs et cyclomoteurs. L'âge chrétien s'en tire bien, le Vatican défend son camp. Des siècles d'histoire en parcourant les trottoirs. Le Moyen-Âge n'a pas tourné la page et l'Antiquité s'invite dans la cité moderne. Colonnes et klaxons, anciennes aventures et nouvelles voitures, édifices funéraires et chauffeurs téméraires.


Et le mot de la fin pour Roland Dorgelès...

Où allez-vous ? demandent parfois les gens à ceux qui s'embarquent.

Où ? Est-ce que cela compte… le but n'importe pas. Le voyage, pour moi, ce n'est pas d'arriver : c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain.

« Je pars… et le cou tendu, je voudrais être la proue du navire que soufflette le vent et mouillent les embruns.»

Lundi 18 février 2008 à 16:03



Ecoute cet air ces vers
Qui te sont destinés
Quitte cet air sévère
Laisse-moi deviner
Qui se cache là tu vois
Si tu unis ta voix
À ma clé d'solitaire
Ce s'ra bénédiction
Je s'rai heureuse sur terre
Pour l'heure ma partition
Est un solo raté
Mais je rêve pour demain
D'une ode à quatre mains
Pour deux enfants gâtés.


Dimanche 10 février 2008 à 17:36

Et si on met les mots les uns à côté des autres est ce que ça fait une phrase bonjour métier orientation Paris Montpellier TGV Sweeney Todd chanter crier rire soupirer se tracasser se creuser les méninges resoupirer non mais quoi c'est fou comment choisir comment exclure comment avancer oui non peut être marcher acheter respirer manger boire dormir lever les yeux baisser les yeux regarder devant regarder derrière hésiter se lancer se mordre les lèvres avoir mal au ventre s'inquiéter angoisser espérer avenir sombre flou brumeux étonnant porteur d'espoir ou inquiétant devenir se projeter marcher courir sauter s'asseoir se lever se coucher écrire s'arrêter lire indécision maux de tête peur pour tout peur pour rien peur insuffisante trop pas assez questions sans réponses chemins multiples vertiges rester au pas briser les chaînes s'échapper rester là prendre une décision manquer d'amour ou en avoir trop ne pas savoir qui l'on est ne pas savoir où l'on va ce que l'on veut mais quelle heure est il mais quel est mon nom mais faut-il prendre à gauche à droite ou droit devant faut-il ralentir accélérer tourner rebrousser chemin soleil théâtre philo brochures pieds nus chaussettes garrigue goudron papier crayons clavier non-sens.

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