Dimanche 29 juin 2008 à 17:09

Goutte à goutte, je disparais. Elle s'évanouit, cette eau sucrée, cette ambroisie. Coûte que coûte, nous cherchons tous à en jouir. Parfois nous la consommons avec parcimonie, faisant fondre lentement, sur la pointe de la langue, une goutte, puis une autre ; parfois nous la buvons goulûment, sans ménagement, jusqu'à l'ivresse, jusqu'à l'épuisement.

Pas à pas, je disparais. Je marche vers l'ombre, vers la brume, vers le néant. Je cherche à ralentir en chemin ; je grave sur le cristal de mes yeux les détails du paysage ; j'écris sur les partitions de mes tympans les divines mélodies qui m'accompagnent ; j'emprisonne les goûts et les odeurs qui me tiennent à cœur ; je fixe en ma mémoire de multiples effleurements ; et ce faisant le magnétisme du néant l'emporte sur le reste.

Peu à peu, je disparais. Feu à feu je me consume, sans savoir pour quoi, ni comment. Je me distrais, je fais ce qu'il me plaît, je me dis qu'il existe un chemin, qu'il suffit de le trouver ; mais ma lumière est trop faible, je n'y parviens pas. Je me dis qu'il importe peu, que s'il n'existe aucun chemin, alors c'est que nous sommes libres ; et je me distrais, je ravive ma flamme de mes désirs, je brandis des rêves qui semblent canaliser mon angoisse. Je sais que tout cela n'est qu'illusion, mais je préfère l'ignorer. Agir comme si de rien n'était. Nous raisonnons mal : nous cherchons un sens à notre combustion ; or la seule chose qui compte, c'est de vivre en attendant la fin.


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