Mardi 22 juillet 2008 à 21:39
Chaque jour qui passe m'endort. Chaque jour qui passe m'ôte mes mots. Mes doigts tendus tentent de les faire revenir. Ne pas les laisser s'échapper. Comment vivre sans eux ? Finirai-je muette, immobile, incapable d'exprimer ce qui compte ? Je suis saisie d'horreur à cette idée. Non, cela ne se peut ; il n'est pas possible que le langage m'échappe. Les paupières closes, j'invoque les mots qui me restent. Venez à moi ! Sauvez-moi ! Je passe les troupes en revue. Ciel ! Les rangs sont clairsemés. Propension. Idéal. Brume. Hérésie. Égérie. Chorégraphie. Distinction. Mon Dieu ! Qu'ils sont peu nombreux. Je me fais d'ardents reproches. Pourquoi les avoir négligés ? Ils avaient faim, ils avaient soif. Ne recevant pas ici les soins qu'ils méritaient, affamés, exsangues, ils ont fui à la recherche d'une vie meilleure. Ne reviendront-ils pas ? Me laisseront-ils mourir ici ? Je distingue au loin les habits écarlates des derniers fugitifs qui enjambent d'un pas leste ce qui reste du mur d'enceinte délabré de ma conscience. Je garde l'espoir insensé qu'ils se raviseront. Qu'ils rebrousseront chemin. Qu'ils se jetteront dans mes bras. Je me sens soudain lasse, si lasse. Je dois lutter. Je n'y parviens pas. Je végète... Il me semble déjà que je prends racine et que ma conscience se rétrécit. Ma pensée s'échappe de ma bouche en de longues volutes qui s'étirent paresseusement dans un ciel crépusculaire. La nuit est proche.
Réflexions hautement philosophiques
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