On ne choisit pas : il y a des moments pénibles. On ne peut négocier en venant au monde pour ne garder que le plaisir, c'est un lot, un panier garni. On doit tout prendre ; peu importe, ça vaut le coup. Pas de discours désabusés sur la vie cruelle, la vie absurde : c'est notre vie, il n'y en a pas d'autre. Jouissons-en tant que nous le pouvons, essuyons calmement les tempêtes ; avec le sourire, s'il vous plaît. Oui, ça fait mal parfois, et alors ? Ça fait partie du jeu. Ça prouve que nous sommes vivants. Il ne s'agit pas de vouloir effacer, nier ces moments difficiles, ni de les considérer à part, en se disant que le bonheur était avant ou sera après. Le bonheur n'est pas un état qu'il faut atteindre pour n'en plus bouger, c'est une manière d'être chaque jour, avec ou sans douleur. Que l'allégresse soit plus forte que vos brûlures quotidiennes. C'est comme danser sur les braises, comme chanter lorsqu'on va au front. C'est un pied de nez aux coups de fouet du hasard, c'est être invincible. Jetez votre joie à la face de vos ennuis, dansez sur les cadavres de vos soucis, laissez-vous enivrer par le rythme sauvage des battements de votre cœur. Peu importe ce qui se trouve sous vos pas, nul éclat de verre ne peut ralentir la cadence de vos pieds meurtris. C'est un chant, c'est un grand rire intérieur qui vous secoue tout entier et qui surpasse le cri d'angoisse qui est aussi en vous.
J'ai convoqué si souvent le Rire ces derniers temps qu'il se transforme parfois en rictus, mais qu'aurais-je fait sans lui.
Bien qu'ayant travaillé avec des singes et des chiens, je me demande parfois si .... ?