Jeudi 19 février 2009 à 0:45

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Je suis en pleine crise d’orientation... Après une hypokhâgne, la suite logique serait la khâgne. Mais pour quoi faire ? Pour tenter un concours que je n’aurai probablement pas (le taux de réussite étant très faible, et moi n’étant pas parmi les meilleurs) et qui ne m’intéresse pas tant que ça, puisque même si c’est super classe d’être payée pour faire ses études et de pouvoir dire « Je suis normalienne... », je ne tiens pas absolument à devenir prof ? Pour être encore surbookée un an de plus, ne pas avoir le temps de rêver, d’écrire pour soi-même ? Je me sens toute desséchée, je ne crée rien.

Ne croyez pas que j’aie mal vécu l’hypokhâgne : malgré ma paresse, je me suis plus ou moins adaptée ; et puis, cette année m’a apporté beaucoup, m’a enrichie, fait mûrir sur certains plans. J’ai appris des choses dans diverses disciplines, j’ai approfondi ma réflexion, j’ai testé mes limites, j’ai rencontré des gens biens, j’ai même rigolé.

Et là, je me rends compte que je parle comme si l’année était finie... Ce que j’en dis, bien sûr, est ce qui se dégage de ces presque six mois.

Toujours est-il que je ne dois pas attendre la fin de l’année pour faire des choix : il faut remplir des dossiers, notamment celui du CROUS si je veux avoir une bourse l’an prochain (pour les inscriptions c’est moins grave, puisque soit je continue en khâgne et on ne se réinscrit pas tout de suite -en fait je ne sais pas trop comment ça marche-, soit je vais en fac et les inscriptions restent ouvertes longtemps).

Reprenons : je peux courir après une improbable admission à l’ENS et me retrouver sans rien, parce que, certes, il existe des équivalences à la fac, mais je n’ai pas envie de me spécialiser dans une des matières étudiées en prépa... Même si j’adore la philo et l’Anglais. Je ne saurais pas quoi faire avec une licence de philo et je ne sais pas si j’aurais le niveau. Quant à l’Anglais, je me sens capable de continuer à le pratiquer par moi-même, et j’aimerais surtout apprendre de nouvelles langues. Depuis plusieurs années d’ailleurs. Mais, demanderez-vous, pourquoi n’ai-je pas directement commencé une licence de langues après le bac ? Parce que, oui, j’aime pratiquer les langues (bien que je n’en connaisse que deux en dehors de ma langue maternelle), je suis toujours fascinée et attirée par les langues que je ne connais pas, mais je n’étais pas sûre de vouloir en faire mon métier. J’ai tendance à penser que traducteur, ça se fait plutôt à une table de travail, et j’aimerais bouger. Ceci dit, j’aime traduire... Je ne savais donc pas quoi faire quand j’ai passé mon bac, certaines personnes m’ont incitée à poser ma candidature en prépa, j’ai refusé au début car ça me faisait peur, puis je me suis dit que ça me donnerait de la culture générale, un an de plus pour réfléchir et peut-être des débouchés si j’avais une idée géniale d’ici-là. Mais ce choix a repoussé ce fameux apprentissage de langues.

C’est formidable ! Je viens de m’apercevoir que je veux faire des langues. Je veux dire, cet intérêt n’est pas nouveau, mais j’avais peut-être l’impression que j’aurais des occasions d’apprendre par moi-même, un peu plus tard, ou bien que ce n’était pas si important. Et là, aujourd’hui, il y a très peu de choses dont je suis sûre dans la vie, mais celle-là m’apparaît enfin clairement : je veux vraiment faire des langues. Ça fait du bien d’apercevoir une chose de façon si limpide, je crois que c’est bien la première fois que ça m’arrive.

Maintenant, la question est : comment réaliser cette envie en joignant l’utile à l’agréable ? Au cours d’une petite recherche sur Internet, j’ai découvert que je pouvais intégrer en fin d’hypokhâgne ou en fin de khâgne (mais c’était aussi possible après le bac...) l’ISIT, l’institut de management et de communication interculturels (oui, ça ne colle pas avec les initiales... Ils ont changé de nom, ils s’appelaient avant -je crois- Institut Supérieur d’Interprétariat et Traduction). Je ne suis pas sûre de pouvoir y étudier les langues de mon choix, je dois donc me renseigner, mais cela mène aussi bien à la traduction qu’à l’organisation d’échanges culturels entre pays. Si je décide d’y entrer, je peux le faire dès l’an prochain ou bien après la khâgne, auquel cas je tente en passant (au cas où) l’ENS, parce qu’il paraît que là-bas aussi on peut faire des langues (et pas seulement les « grands classiques » comme Anglais, Espagnol...)

Si les renseignements que je prends sur l’ISIT et l’ENS ne me satisfont pas, je n’ai aucune raison d’aller en khâgne. Même pour la culture générale, car si celle-ci est bien présente, l’année de khâgne est plus « concours » et moins « découverte » que l’hypokhâgne ! D’ailleurs, même si j’aime l’hypokhâgne, j’ai aussi l’impression de passer à côté de certaines choses de la vie, parfois.

Si je vais à la fac, que faire ? J’hésite à prendre uniquement des langues (toujours la crainte d’être une traductrice coincée derrière mon bureau). L’ethnologie, ça semble intéressant, mais je ne sais pas dans quelle mesure on peut mener à bien une double licence ethnologie-LLCE.

En fait, je n’arrive pas à faire des choix. Dans la plupart des situations, même les plus anodines, je doute et je peine à décider. Ce qui est beau, c’est d’envisager l’avenir en voyant s’ouvrir à soi des options infinies, s’imaginer que tout est encore possible. Tel projet, tel voyage, telle activité, tel engagement, tel mode de vie semblent plausibles. Ma vie ne fait que commencer, je peux encore la rêver. Je voyage inlassablement sur les ramifications sans fin de mes divagations. Mais lorsqu’il s’agit de choisir, il faut éliminer, restreindre, et ça fait mal. Il faut pourtant passer par là pour concrétiser certains rêves (au détriment d’autres) et ne pas rester passif. Mais c’est dur à accepter.



[Image : Rob Gonsalves. Ça faisait longtemps, mais je le trouve toujours aussi génial.]

Dimanche 24 août 2008 à 14:25

« Quel est ton but dans la vie ?
- Moi ? Aucun. Devrais-je avoir un but ?
- Bien sûr ! Nous avons tous quelque chose à accomplir. N'as-tu aucune ambition ?
- Ma foi, je ne sais pas. Qu'appelles-tu ambition ?
- Moi, par exemple, je suis fait pour le pouvoir. J'ai souvent de l'influence au sein d'un groupe. Je sais prendre des responsabilités. Je me sens capable de diriger pour le bien de tout le monde.
- Tu dis être fait pour le pouvoir... C'est seulement que tu l'as décidé ainsi. Et puis, qui es-tu pour savoir ce qui est bien pour tout le monde ? Et n'as-tu pas peur d'être prisonnier du pouvoir ?
- Comment ! Prisonnier ? Au contraire : lorsque tu décides, tu ne peux être plus libre.
- Lorsque tu décides, tu dois porter les autres sur tes épaules. Lorsque tu décides, tu es responsable non seulement de tes propres échecs, mais aussi de ceux d'une communauté. Lorsque tu décides, tu dois dompter une meute de courtisans malfaisants,  courbant l'échine mais prêts à te dévorer, te supplanter à la moindre faiblesse. Cependant, les hommes de pouvoir souhaitent rarement abandonner leur position : lorsqu'ils la tiennent, ils en sont ivres ; ils tombent amoureux de leurs chaînes et s'y enferrent plus encore.
- Essaies-tu de dire que tu préfères te trouver au bas de l'échelle sociale ? C'est impensable !
- Non. Je déteste recevoir des ordres autant que d'en donner. Je respecte volontiers les règles nécessaires à la vie en communauté, mais pour le reste, je ne supporte pas que l'on me dicte ma conduite, que l'on critique mes choix ou que l'on me considère comme un pion. Je veux vivre sans chaînes, ni en haut ni en bas.
- Bon. Si tu ne t'intéresses pas au pouvoir, préfères-tu l'argent ?
- Pour quoi faire ?
- Parce qu'on ne peut pas vivre sans argent, pardi !
- Certes. J'essaierai d'en gagner un peu, puisqu'il le faut.
- Puisqu'il le faut ? C'est tout ? N'as-tu pas envie de sécurité, de confort, voire de luxe ? Avec l'argent, tu peux acheter tout ce que tu souhaites.
- Acheter, oui. Cela occupe toujours. J'entasserai les équipements superflus, je dépenserai mon argent pour des choses sans importance, je m'endormirai dans mon cocon, je m'abrutirai à force de cette paresse que l'on flatte déjà depuis mon enfance. Il me semble que l'on remplit ma tête de coton, que l'on me modèle, que l'on m'anesthésie pour me rendre inapte à affronter la vie. J'aimerais tant me lever, secouer cette couche de poussière ! Bouger, oui... Mais comment, dans quelle direction ? Je ne veux pas d'une vie fade. Il me semble parfois que je vis mieux en sortant, en me privant de sommeil, en m'épuisant : cela me distrait, cela me donne le sentiment de ne pas rester inactive, cela m'empêche d'être rongée par l'angoisse. Mais cela n'est qu'illusion : dix-huit ans ont passé, je n'ai encore rien fait.
- Bon sang ! Mais que cherches-tu alors ?
- Sait-on vraiment ce que l'on cherche ? Aujourd'hui tu souhaites le pouvoir et l'argent ; demain, cela ne te satisfera pas, tu verras qu'il te manque quelque chose. Des gens bien plus âgés que moi ne savent toujours pas ce qu'ils veulent. Peut-être parce qu'au fond, il n'existe aucun but. Quel objectif poursuivre lorsque la seule chose qui nous attend au bout du chemin est la mort ? Et si je te disais que l'important n'est pas ce que nous trouverons au bout, mais plutôt le chemin lui-même ? Et si, pour être satisfait de sa vie, il fallait simplement trouver les plus jolis sentiers et profiter du paysage ? Oh, je conçois qu'il est effrayant de ne pas savoir où l'on va, d'explorer sans but. Il ne s'agit que d'avancer, de satisfaire nos sens et notre plaisir esthétique : nous n'avons rien d'autre à faire en attendant la fin. Voilà ce qu'est la vie : une errance perpétuelle. »

Dimanche 24 juin 2007 à 13:40

Quand j'avais sept ou huit ans, on m'a conseillé de lire une Bible (version soft) pour ma culture générale. Ça traînait là. Je ne sais pas pourquoi on l'avait, elle appartient à mon oncle, mais je l'ai lue. Je me souviens avoir pensé que c'était bizarre et invraisemblable ; en plus, Dieu n'avait pas l'air très sympa.

Récemment, je ne sais pas pourquoi, j'en ai relu quelques extraits. Probablement à cause d'un bouquin que j'ai entamé (Les yeux dans les arbres, de Barbara Kingsolver) qui contient de nombreuses références.

J'ai trouvé qu'en fait, ces religions pseudo-monothéistes n'étaient pas loin des vieilles croyances polythéistes. C'est vrai ! Le dieu suprême (il y en a toujours un), c'est Dieu. Les anges, les saints, la Vierge, les prophètes sont souvent adorés comme des divinités secondaires. Quant au Diable, c'est une sorte de dieu maudit. Toutes les religions ont au moins un dieu sombre et maléfique, mais autrefois, on avait tendance à leur faire des offrandes pour ne pas les mettre en colère. Dans les traditions monothéistes, en revanche, toute forme de culte rendu au Diable est considérée comme sacrilège. De toutes façons, on sait bien que le christianisme, quand il s'est répandu, a tenté d'”avaler” le païen. C'est pour cela que l'on a mis Noël par-dessus le “jour du Soleil” du culte de Mithra. C'est pour cela que diverses divinités ont été associées à Satan, histoire de dire : “regardez, c'est le Mal”. Si on considère tout cela, les cultes sataniques sont concevables, non ? Ceci dit, personnellement, je ne compte pas rendre de culte à qui que ce soit.



Si Satan est “le vilain” de l'histoire, c'est parce qu'il s'est opposé à Dieu et qu'il s'est fait chasser. Comme le peuple préfère Dieu, ils n'aiment pas Satan (il y a du favoritisme). On raconte de nombreuses légendes dans lesquelles des hommes vendaient leur âme au Diable contre certains services dans leur vie mortelle. En fait, c'est logique : ceux qui sont dévoués à Dieu sont censés aller à ses côtés après la mort, et les adeptes du Diable font la même chose. Chacun vend son âme à qui il veut. Tout ça entraîne des questions chez moi : que font nos chères divinités avec toutes les âmes qu'elles gagnent ? En décorent-elles leur salon ? Et les gens qui ne se vendent ni à l'un ni à l'autre, où iraient-ils ?

Dernière remarque, pourquoi la Bible est-elle censurée ? Il y a des choses qui ne figurent pas dans la version chrétienne de la légende. Comme la révolte des anges, justement, ou bien l'épisode de Lilith. Dommage, ça mettrait un peu de piment. Mais c'était tellement plus pratique d'effacer celle qui était l'égale d'Adam, et de ne garder que la femme sortie de la côte de son mari. Et de la déclarer inférieure. D'ailleurs, pourquoi a-t-elle été punie plus sévèrement que lui lorsqu'elle lui a donné le fruit ? Il n'était pas obligé d'en manger. Qu'il s'en prenne à lui-même. Et puis, si la femme était “inférieure”, il aurait fallu la traiter avec plus d'indulgence, non ? Elle ne savait pas ce qu'elle faisait 0=).

[Je sais que tout ça paraît un peu confus, mais ça me fait plaisir de divaguer de temps en temps. À part ça, moi, ça va. Jeudi soir, j'ai fait la fête de la musique avec Boucles d'Or, Ju-chan, Flo, Lorette et d'autres. J'ai vu Dorian et Seiya en coup de vent. Je n'ai même pas pu dire bonjour à Dorian puisqu'il était toujours “occupé” avec sa copine et qu'ensuite il s'est barré.]

[Demain mon oral de Français, courage, courage... Après, les vacances.]

Mercredi 6 juin 2007 à 21:54



J'ai reçu cet objet pour mon anniversaire, il y a des années. Mes parents m'avaient offert cette tirelire car elle représentait un manchot, mon animal préféré. Ce cadeau a provoqué en moi un malaise qui a mis du temps à s'apaiser.

De toute évidence, cet animal est malheureux. Très gras, engoncé dans des vêtements serrés, il étouffe dans sa veste bleue dont les boutons semblent sur le point de sauter. Cet embonpoint, ainsi que son regard, laissent deviner qu'il est mal dans sa peau.

Son regard ! Voyez ces yeux ronds, immenses. Ses pupilles dilatées semblent percevoir quelque chose qui dépasse notre entendement. Elles expriment le chagrin,  l'angoisse, l'effroi, la folie même. Elles évoquent la terreur, elles évoquent un univers cauchemardesque au-delà de toute imagination.

Que voit-il ? Qu'a-t-il vu ? On a, semble-t-il, porté un coup fatal à sa raison.

Longtemps, ma gorge se nouait à la vue de cet objet. Je l'avais baptisé “Tristounet” (un qualificatif bien faible au regard de tout ce qu'il signifiait pour moi). J'avais envie de l'aider, de le sauver, de le sortir de cet état, de le protéger, de le consoler... Mais j'étais impuissante.

C'est grave, docteur ?

Samedi 16 décembre 2006 à 23:08

Aujourd'hui, au courrier, une lettre de Madame la Ministre de la Défense qui m'invite à accomplir ce qui tiendra lieu de service militaire ; la JAPD (Journée d'Appel de Préparation à la Défense) qui pourrait sans doute s'appeler la JNPM (Journée Nationale de Propagande Militaire).

Votre participation à cette journée dans les prochaines semaines correspond à un devoir civique et une obligation faite à chaque citoyen de se préparer à la défense de la Nation”, m'informe Mme Alliot-Marie. “La sécurité de nos Etats n'est jamais définitivement acquise; en témoignent aujourd'hui les risques de conflits liés à l'instabilité latente dans de nombreuses régions du globe, la montée de la menace terroriste, les dangers associés à la diffusion incontrôlée d'armes de destruction massive. (...)
Je suis persuadée que chacun d'entre vous aura à coeur de saisir l'opportunité qui lui est ainsi offerte d'enrichir sa réflexion personnelle sur ses responsabilités de citoyen et sur la place de l'esprit de Défense dans notre société.

Elle conclut sur ces mots :
C'est aujourd'hui que se prépare la paix de demain, sa préservation est l'affaire de tous, chacun de vous doit se sentir concerné par cette exigence”.

Autrement dit, “Si vis pacem, para bellum”. Un peu trop paradoxal à mon goût.



En tout cas, toutes ces références à la Nation qu'il faut servir me font sourire gentiment, car je ne suis pas particulièrement dotée d'un esprit patriotique. Je ne suis pas “fière” d'être Française (pourquoi le serais-je ? Ce n'est pas “mieux” que d'être Allemand, Portugais, Polonais, Iraquien, Chinois...) et je ne donnerai pas forcément raison à “la Patrie” si elle entrait dans un conflit. Qu'est-ce qu'une nationalité ? Une commodité. Pour rien au monde je ne mourrais “pour mon pays”, comme certains héros de films de guerre. Premièrement je n'aurais pas envie de me battre ;-) (quelle gloire de trucider un “ennemi” qui ne vous a rien fait, à qui on a juste ordonné d'être là...). Deuxièmement, j'estime qu'avant d'être Française je suis humaine. D'ailleurs, à quoi ça sert la guerre ? Comment ça marche ? Qui gagne, celui qui "tape" le plus fort ? Que "gagne"-t-il, le droit de régner sur un pays en ruine ?

C'est mignon, ces questions paraissent très enfantines. Pourtant, même une personne d'âge respectable serait sans doute en peine d'y répondre.

Bref, revenons à nos moutons. Je divague, je vous l'accorde, mais ce blog sert à supporter mes divagations. D'ailleurs, c'est de leur faute : à les entendre, nous sommes sur le pied de guerre. Pour en revenir à cette simple journée, elle aura tout de même une utilité pusiqu'on nous y apprendra les gestes de premiers secours. En plus, il paraît que le repas là-bas est excellent :p
(Et puis accessoirement j'ai pas le choix, j'ai besoin d'y aller avant de passer mon bac).

[Pour l'image de cet article, j'ai (presque) pas honte ;-)]

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