La nouvelle version de Cowblog a saboté mon ancien habillage par défaut, Big Blue. À moins que ce soit mon navigateur qui beugue. J'ai donc mis comme habillage par défaut Hokusai, qui n'est presque pas endommagé. En attendant le jour où je referai Big Blue. Mais pour l'instant, j'ai beau essayer, Cowblog ne prend pas en compte les modifications. Il fait juste semblant de les enregistrer.
Lundi 27 octobre 2008 à 23:48
Lundi 27 octobre 2008 à 22:43
La prépa, c’est intéressant, mais cela comporte quelques désagréments. D’abord, on se prend (en tout cas, je me prends) des cartons. Mais ça, ce n’est pas très grave. Ensuite, on a peu de temps pour écrire, glander, méditer. Il y a toujours quelque chose à faire. Enfin, on voit moins ses vieux amis, notamment lorsqu’on part à 300 kilomètres. Mais il y a aussi des avantages. D’abord, j’ai découvert une nouvelle ville. C’est bien de ne pas rester toute sa vie au même endroit, il faut élargir un peu son horizon. Ensuite, je n’aurais jamais cru dire ça, mais même si la quantité de travail me court un peu sur le système, je m’éclate aussi. J’ai de bons profs dans l’ensemble, une classe assez sympa avec laquelle j’ai passé un week-end en Espagne et qui a une mer-veil-leuse mascotte, un homard en peluche avec lequel on fait joujou à tour de rôle (oui, nous avons tous entre 17 et 19 ans)...
À noter aussi : heureusement que j’ai l’option théâtre, car sans elle je n’irais pas ou peu voir des spectacles, en considérant que je n’ai pas le temps ; seulement, là, ce temps, il faut bien que je le prenne. Ces spectacles (un ou deux par semaine) me plaisent plus ou moins selon les soirs, mais certains valent le détour. J’ai notamment vu jeudi dernier Pénélope, ô Pénélope écrit, mis en scène et joué par Simon Abkarian. Et j’aime, j’aime, j’aime ! Comme je suis une grosse feignasse et que je n’aime pas trop me répéter (j’ai discuté avec d’autres personnes de cette pièce, j’ai écrit sur elle dans le cahier où je tiens un compte-rendu de mes spectacles pour l’option), je vous renvoie à votre ami Google au cas où vous aimeriez en savoir plus. Il y a d’autres spectacles que j’ai bien aimés, mais celui-ci est le seul qui continue à me trotter dans la tête tous les jours. Et le texte. À vous couper le souffle. J’ai hâte qu’il soit édité. J’espère aussi que cette pièce sera rejouée un jour, quelque part, et que je pourrai y retourner. Même si, en réalité, on ne voit jamais deux fois le même spectacle.
À la suite de cette pièce, après une petite recherche, j’ai découvert que Simon Abkarian était en fait célèbre. Peut-être suis-je inculte. Toujours est-il que Simon Abkarian, non content d’être auteur, metteur en scène et comédien, est également acteur de cinéma. Et je crois que je n’ai vu aucun de ses 26 films... Il faudra que je répare cette lacune. Ce qui m’a amusée, c’est qu’on voit toujours la même photo de lui sur Internet, et sur cette photo il est moustachu avec les cheveux relativement courts. Or, je l’ai vu deux fois maintenant (pour Pénélope et lors d’une lecture privée réservée à l’équipe du TNT et aux élèves de prépa), et il n’est pas moustachu en ce moment et il porte des cheveux un peu longs. Tout le monde s’en fout, c’est pas grave.
J’espère pouvoir reposter sur ce blog avant la fin des vacances de la Toussaint. On verra.
À noter aussi : heureusement que j’ai l’option théâtre, car sans elle je n’irais pas ou peu voir des spectacles, en considérant que je n’ai pas le temps ; seulement, là, ce temps, il faut bien que je le prenne. Ces spectacles (un ou deux par semaine) me plaisent plus ou moins selon les soirs, mais certains valent le détour. J’ai notamment vu jeudi dernier Pénélope, ô Pénélope écrit, mis en scène et joué par Simon Abkarian. Et j’aime, j’aime, j’aime ! Comme je suis une grosse feignasse et que je n’aime pas trop me répéter (j’ai discuté avec d’autres personnes de cette pièce, j’ai écrit sur elle dans le cahier où je tiens un compte-rendu de mes spectacles pour l’option), je vous renvoie à votre ami Google au cas où vous aimeriez en savoir plus. Il y a d’autres spectacles que j’ai bien aimés, mais celui-ci est le seul qui continue à me trotter dans la tête tous les jours. Et le texte. À vous couper le souffle. J’ai hâte qu’il soit édité. J’espère aussi que cette pièce sera rejouée un jour, quelque part, et que je pourrai y retourner. Même si, en réalité, on ne voit jamais deux fois le même spectacle.
À la suite de cette pièce, après une petite recherche, j’ai découvert que Simon Abkarian était en fait célèbre. Peut-être suis-je inculte. Toujours est-il que Simon Abkarian, non content d’être auteur, metteur en scène et comédien, est également acteur de cinéma. Et je crois que je n’ai vu aucun de ses 26 films... Il faudra que je répare cette lacune. Ce qui m’a amusée, c’est qu’on voit toujours la même photo de lui sur Internet, et sur cette photo il est moustachu avec les cheveux relativement courts. Or, je l’ai vu deux fois maintenant (pour Pénélope et lors d’une lecture privée réservée à l’équipe du TNT et aux élèves de prépa), et il n’est pas moustachu en ce moment et il porte des cheveux un peu longs. Tout le monde s’en fout, c’est pas grave.
J’espère pouvoir reposter sur ce blog avant la fin des vacances de la Toussaint. On verra.
Samedi 20 septembre 2008 à 1:23
Le premier jour. Trois semaines seulement, trois semaines déjà. Le premier soir, j'ai rencontré une trentaine de ces personnes qui s'apprêtaient à vivre cette expérience avec moi. Le contact a été bon. Ce n'est pas parce qu'ils entraient en prépa qu'ils étaient différents ou trop sérieux ; ils étaient même vivants, sympas, intéressants. J'ai été agréablement surprise de passer une si bonne soirée. Je suis parfois mal à l'aise au milieu d'inconnus, mais avec eux, je me suis assez rapidement sentie chez moi. Nous avons erré dans les rues, nous avons fait le bonheur d'un vendeur de sandwichs, nous avons cassé la croûte sur la Prairie des Filtres, nous avons bu un verre au bar basque, nous avons essuyé une averse.
Un jour d'acclimatation. Nous nous sommes promenées dans les environs. M..., ma coloc', m'a fait une petite frayeur dans la soirée... Passons.
Le jour de la rentrée. Nous arrivons devant le lycée : “La composition des classes est affichée au bâtiment A”, nous informe un papier scotché à l'entrée. Nous nous y rendons, mais nous n'y trouvons que les listes concernant les lycéens. Nous attendons donc là que quelqu'un nous éclaire. Ceux qui s'étaient vu dimanche se disent bonjour. À Toulouse, c'est deux bises. Deux. Ils ont des manies comme ça (par exemple, ils disent “une poche” au lieu de dire “un sac”).
Soudain, une femme surgit de l'édifice et nous apostrophe du haut des marches :
« Bonjour, chers élèves de prépas ! »
Le silence se fait.
« Vous n'avez rien à faire ici, poursuit la nouvelle venue, qui s'avéra être la CPE des classes prépa. Vous devez vous rendre à la salle des conférences ».
Nous nous y rendons. Sur la façade de la salle des conférences, on est en train d'afficher les listes que nous cherchions. Ma coloc' et moi sommes dans deux classes différentes. Nous sommes une cinquantaine par classe... Nous entrons. On s'installe. On nous souhaite à nouveau la bienvenue. On nous demande de suivre tel ou tel professeur en fonction de notre classe. Au lycée, lorsqu'on rentrait, on était face à notre professeur principal. Ici, plus de “professeur principal” mais seulement un “professeur coordonateur” qui s'occupe des formalités administratives mais nous materne moins qu'au lycée et qui, d'ailleurs, n'a pas été chargé de notre accueil ce jour-là. Plusieurs professeurs se présentent. On s'occupe des formalités administratives, emplois du temps et tout ce qu'il faut. La professeure qui nous accueille vérifie les options de chacun pour s'assurer que sa liste ne comporte pas d'erreur. Un certain Foucault a choisi tant d'options qu'il semble impossible de toutes les suivre.
« Y a-t-il un lien de parenté, demande la professeure, avec le philosophe Foucault ?
- Oui madame, c'était mon grand-oncle »
Ah bon, tiens.
Une autre élève semble également avoir un emploi du temps surchargé. L'air grave, un chignon serré, elle suit trois ou quatre options plus des cours de Russe par correspondance à Toulouse le Mirail (il y a des fous en hypokhâgne...).
Enfin, on nous prévient que quelques khâgneux souhaitent nous parler. Ils entrent et prennent la place des professeurs (à ceci près qu'un ou deux d'entre eux s'installent nonchalamment sur le bureau) tandis que ceux-ci sortent. Avant de disparaître, la professeure de Français lance un “Bon courage !” (À qui s'adresse-t-elle ?).
Les khâgneux nous annoncent qu'ils vont nous tester sur la bibliographie de Lettres que nous devions lire cet été (en théorie...). Ils nous posent des questions qui deviennent de plus en plus pointues. La fille au chignon, très sûre d'elle, répond souvent et semble connaître par cœur tous les livres de la liste. On parvient à la dernière question : on nous lit quelques vers de Phèdre, que nous devions compléter. Comme si nous les connaissions.
Mais la fille au chignon lève la main, récite. Soudain, elle se laisse emporter, se lève, déclame... Bute sur un mot, vérifie son texte, et... Attendez : son texte ?
Et là, coup de théâtre ! Le petit-neveu de Foucault se lève également, les khâgneux applaudissent : ces deux-là étaient des leurs !
Ils rejoignent leurs camarades, tous nous rassurent : ils ont passé du bon temps en hypokhâgne, ils sont là pour nous aider, ce n'est pas grave si nous n'avons pas lu tous les livres, ils nous attendront jeudi après les cours pour “deux ou trois choses”...
« Oh, non ! » s'exclament ceux qui ont entendu parler du bizutage.
Rires. Ils nous invitent à prendre l'apéro. Nous les suivons jusqu'à la place Saint-Pierre, et comme aucun bar ne semble pouvoir nous accueillir tous, nous nous asseyons simplement au bord de la Garonne. Ils répondent à nos questions, nous parlent des professeurs qu'ils connaissent, nous expliquent qu'à la fin de la semaine nous aurons tous un parrain ou une marraine de deuxième année pour nous aider en cas de besoin.
Nous nous séparons.
Les cours ne commencent que le lendemain et, le professeur de philo nous ayant averti que nous aurions une évaluation de niveau l'après-midi sur Heidegger (Qui est-ce ? J'ai entendu parler de lui, mais on ne l'a pas étudié en terminale...), je mène quelques recherches au CDI. J'ai le choix entre des pavés impossibles à lire en un après-midi et des bribes recueillies dans quelques rares manuels de philo plus généralistes. Bah, tant pis. Si c'est une évaluation de niveau, il verra quel est mon niveau, voilà tout. Notre niveau, devrais-je dire, puisqu'en discutant avec une ou deux personnes je constate que je ne suis pas la seule inculte (comme dira un peu plus tard notre prof de Français : « Evitez à tout prix de croire que vous êtes le seul ignorant de la classe : vous êtes tous ignorants ! »).
Je sors donc du lycée pour jouir des derniers instants d'oisiveté qui me restent. Ce soir, M.... travaille déjà : leur professeure de Lettres leur a fait parvenir un devoir à faire. Il s'agit, entre autres, de rédiger un poème.
Le lendemain, à midi, nous apprenons que le devoir de Lettres des LSHB était un faux devoir imaginé par les khâgneux. Nous commençons à douter sérieusement de l'authenticité de notre évaluation de philo, mais nous nous y rendons à l'heure. La CPE nous amène une surveillante et repart.
« Je vais faire l'appel, annonce la surveillante. Et si j'écorche votre nom... C'est pareil ! »
Remous dans la salle. On murmure, on ricane. On doute de plus en plus.
La surveillante nous distribue le sujet. Mais quel sujet ! Un texte de Heidegger bourré du jargon propre à sa doctrine, incompréhensible pour nous, modestes bacheliers. Mais le plus drôle, c'est la question : “Que vous inspire ce texte ?”. À ce moment-là, on rit franchement. La surveillante insiste : nous devons réfléchir, les idées commencent toujours à venir au bout d'une heure... Les rires redoublent.
« Où est le prof ? interroge quelqu'un.
- Enlève ton masque, Jean-Pierre ! » lance un élève ayant eu notre professeur au lycée.
La surveillante ne parvient pas à garder son sérieux. Et soudain (qui a commencé ?) nous commençons à scander le nom du prof de philo en frappant en rythme sur les tables. La jeune fille est hilare.
« Je ne m'attendais pas à ça, avoue-t-elle. Vous semblez soudés, continuez ! L'union fait la force... Et ne vous inquiétez pas pour cette année : les profs sont sympas, les élèves bizutent mais ce n'est pas bien méchant, et tout le monde est passé par là.
- Vous aussi ? hasarde quelqu'un.
- Oui, moi aussi... Il y a un an exactement ».
Bande d'enfoirés.
Jeudi soir. On nous a prévenus de porter des vêtements qui “ne craignent pas trop”. On nous revêt de sacs poubelles, on nous fait des peintures de guerre : c'est un grand moment. C'est idiot, certes. On n'a pas l'air fin, avec nos sacs poubelles et nos gribouillis sur le front, sur les joues, sur les bras. Pourtant, il me semble que ce soir-là est important. Malgré l'appréhension que j'ai de la prépa et de son rythme de travail, l'atmosphère semble depuis le début soudée et conviviale, et cette soirée-là marque le coup. Dans quelques heures, nous ferons officiellement partie de la famille.
On nous attache deux par deux par le poignet. On nous lance des bombes à eau qui nous ratent, ha ha ! On donne à chaque “couple” un nom d'animal qu'il doit imiter (et en courant, s'il vous plaît) en remontant la rue du Taur. Mon professeur d'Histoire vous expliquerait que, lors des rites initiatiques, on passe souvent par une phase “d'ensauvagement” afin de devenir, dans la vie réelle, le contraire de ce que l'on a simulé : des êtres civilisés, charmants et sociables... Ma “sœur” et moi avons eu le serpent ; je vous accorde que ce n'est pas l'animal le plus drôle. Nous sifflons allègrement en ondulant des bras, chose assez difficile lorsque l'on est attaché. Nous débouchons sur la place du Capitole en hurlant.
La mission suivante, si nous l'acceptons, est de soutirer de l'argent à de pauvres passants innocents par deux moyens : soit on leur vend des bonbons à l'unité, soit on leur pose des questions (celui qui répond faux devant donner une pièce). Et bien, c'est fou ce qu'on peut gagner avec un peu de peinture et un sac poubelle. Si vous êtes fauché, un jour, essayez. Certes, certains sont excédés par tous ces jeunes sales et peinturlurés qui réclament de l'argent (cette tradition étant répandue dans toutes les classes prépas, et le centre de Toulouse comportant trois lycées proposant ces classes, on les comprend...). Certes, certains se moquent un peu de vous. Certes, beaucoup semblent ne pas parler Français. Certes, quelqu'un nous répond qu'il ne “cautionne pas ce rite décadent” qu'est le bizutage. Mais il y a aussi des gens très sympas, dont un certain nombre donnent même gratuitement, sans prendre de bonbon. Et on parle Anglais. J'ai réussi à apitoyer un Anglophone :
« We are in, hum, a school, and me must collect money. And if we don't, we will have... *moue inquiète..* troubles. »
N'empêche, il va avoir une bonne image de la France, maintenant.
Nous réunissons l'argent. Ma camarade et moi avons gagné quatorze euros et quelques : une bagatelle. Les grands gagnants, eux, en ont rapporté trente.
Nous rejoignons les LSHB pour une bataille de chantilly (nos khâgneux nous avaient fourni des munitions) et nous terminons par une petite rébellion.
Nous nous dispersons pour nous redonner forme humaine tandis que les khâgneux partent acheter de l'alcool avec le butin. Que je suis bête et fière dans la rue, en rentrant chez moi, couverte de peinture et de chantilly ! Nous nous retrouvons sous le pont Saint-Pierre : des bouteilles, des bouteilles, beaucoup de bouteilles. Et pas que du jus d'orange (d'ailleurs, je n'aime pas le jus d'orange). C'est ainsi que la soirée s'achève sur une joyeuse beuv... Sur une réunion conviviale et bien arrosée. Nous discutons avec les anciens, nous trouvons nos parrains et marraines. À un moment donné, tous les gens qui traînent par là, en voyant notre réserve de boissons, s'inscrustent et se servent. On dirait que toute la ville est là. Je finis par m'en aller : de toute façon, ceux avec qui je discutais sont déjà partis, y compris ma marraine, et j'ai faim. Oui, parce que je suis bêtement venue à l'heure que l'on m'avait donnée, sans prendre le temps de manger avant. Mon pas est un peu incertain, mais je suis lucide. Je rentre sans peine.
Que les habitudes se prennent vite. Trois semaines seulement se sont écoulées, et déjà tant de choses me sont familières. Et M... que j'ai l'impression de connaître depuis une éternité. Et les objets de notre studio qui ont tous un petit nom. James la bonde, Grégoire la passoire, Shéhérazade la salade. Et Diego le frigo, qui nous réveille parfois la nuit. Et tout cela qui me semble la vie d'une autre. Cela ne me semble pas réel, j'ai parfois du mal à me dire que oui, je suis étudiante, oui, j'ai quitté la maison de mes parents, oui, j'ai quitté Montpellier pour partir à l'aventure dans une autre ville, et oui, je suis en prépa (moi qui ai longtemps refusé ce choix...). Et si tout n'était qu'un rêve ? Et si tout cela n'avait jamais eu lieu, et si je n'étais pas rentrée, si je n'étais jamais allée à Toulouse ? Et si demain, je me réveillais chez mes parents ? Ah, ça, c'est fort probable, puisque j'y suis en ce moment... Ce week-end, je suis venue fêter l'anniversaire de ma sœur et voir quelques amis. Et puis d'abord c'est pas “demain”, c'est “tout à l'heure”.
Mon Dieu mon Dieu mon Dieu (je ne sais pas très bien pourquoi j'utilise cette expression, étant athée. L'héritage judéo-chrétien me poursuit malgré tout, je suppose). Je doute fortement que quelqu'un ait tout lu. Peu importe. Je ne sais pas si des gens passent encore ici, de toute façon. Bonne nuit.
Un jour d'acclimatation. Nous nous sommes promenées dans les environs. M..., ma coloc', m'a fait une petite frayeur dans la soirée... Passons.
Le jour de la rentrée. Nous arrivons devant le lycée : “La composition des classes est affichée au bâtiment A”, nous informe un papier scotché à l'entrée. Nous nous y rendons, mais nous n'y trouvons que les listes concernant les lycéens. Nous attendons donc là que quelqu'un nous éclaire. Ceux qui s'étaient vu dimanche se disent bonjour. À Toulouse, c'est deux bises. Deux. Ils ont des manies comme ça (par exemple, ils disent “une poche” au lieu de dire “un sac”).
Soudain, une femme surgit de l'édifice et nous apostrophe du haut des marches :
« Bonjour, chers élèves de prépas ! »
Le silence se fait.
« Vous n'avez rien à faire ici, poursuit la nouvelle venue, qui s'avéra être la CPE des classes prépa. Vous devez vous rendre à la salle des conférences ».
Nous nous y rendons. Sur la façade de la salle des conférences, on est en train d'afficher les listes que nous cherchions. Ma coloc' et moi sommes dans deux classes différentes. Nous sommes une cinquantaine par classe... Nous entrons. On s'installe. On nous souhaite à nouveau la bienvenue. On nous demande de suivre tel ou tel professeur en fonction de notre classe. Au lycée, lorsqu'on rentrait, on était face à notre professeur principal. Ici, plus de “professeur principal” mais seulement un “professeur coordonateur” qui s'occupe des formalités administratives mais nous materne moins qu'au lycée et qui, d'ailleurs, n'a pas été chargé de notre accueil ce jour-là. Plusieurs professeurs se présentent. On s'occupe des formalités administratives, emplois du temps et tout ce qu'il faut. La professeure qui nous accueille vérifie les options de chacun pour s'assurer que sa liste ne comporte pas d'erreur. Un certain Foucault a choisi tant d'options qu'il semble impossible de toutes les suivre.
« Y a-t-il un lien de parenté, demande la professeure, avec le philosophe Foucault ?
- Oui madame, c'était mon grand-oncle »
Ah bon, tiens.
Une autre élève semble également avoir un emploi du temps surchargé. L'air grave, un chignon serré, elle suit trois ou quatre options plus des cours de Russe par correspondance à Toulouse le Mirail (il y a des fous en hypokhâgne...).
Enfin, on nous prévient que quelques khâgneux souhaitent nous parler. Ils entrent et prennent la place des professeurs (à ceci près qu'un ou deux d'entre eux s'installent nonchalamment sur le bureau) tandis que ceux-ci sortent. Avant de disparaître, la professeure de Français lance un “Bon courage !” (À qui s'adresse-t-elle ?).
Les khâgneux nous annoncent qu'ils vont nous tester sur la bibliographie de Lettres que nous devions lire cet été (en théorie...). Ils nous posent des questions qui deviennent de plus en plus pointues. La fille au chignon, très sûre d'elle, répond souvent et semble connaître par cœur tous les livres de la liste. On parvient à la dernière question : on nous lit quelques vers de Phèdre, que nous devions compléter. Comme si nous les connaissions.
Mais la fille au chignon lève la main, récite. Soudain, elle se laisse emporter, se lève, déclame... Bute sur un mot, vérifie son texte, et... Attendez : son texte ?
Et là, coup de théâtre ! Le petit-neveu de Foucault se lève également, les khâgneux applaudissent : ces deux-là étaient des leurs !
Ils rejoignent leurs camarades, tous nous rassurent : ils ont passé du bon temps en hypokhâgne, ils sont là pour nous aider, ce n'est pas grave si nous n'avons pas lu tous les livres, ils nous attendront jeudi après les cours pour “deux ou trois choses”...
« Oh, non ! » s'exclament ceux qui ont entendu parler du bizutage.
Rires. Ils nous invitent à prendre l'apéro. Nous les suivons jusqu'à la place Saint-Pierre, et comme aucun bar ne semble pouvoir nous accueillir tous, nous nous asseyons simplement au bord de la Garonne. Ils répondent à nos questions, nous parlent des professeurs qu'ils connaissent, nous expliquent qu'à la fin de la semaine nous aurons tous un parrain ou une marraine de deuxième année pour nous aider en cas de besoin.
Nous nous séparons.
Les cours ne commencent que le lendemain et, le professeur de philo nous ayant averti que nous aurions une évaluation de niveau l'après-midi sur Heidegger (Qui est-ce ? J'ai entendu parler de lui, mais on ne l'a pas étudié en terminale...), je mène quelques recherches au CDI. J'ai le choix entre des pavés impossibles à lire en un après-midi et des bribes recueillies dans quelques rares manuels de philo plus généralistes. Bah, tant pis. Si c'est une évaluation de niveau, il verra quel est mon niveau, voilà tout. Notre niveau, devrais-je dire, puisqu'en discutant avec une ou deux personnes je constate que je ne suis pas la seule inculte (comme dira un peu plus tard notre prof de Français : « Evitez à tout prix de croire que vous êtes le seul ignorant de la classe : vous êtes tous ignorants ! »).
Je sors donc du lycée pour jouir des derniers instants d'oisiveté qui me restent. Ce soir, M.... travaille déjà : leur professeure de Lettres leur a fait parvenir un devoir à faire. Il s'agit, entre autres, de rédiger un poème.
Le lendemain, à midi, nous apprenons que le devoir de Lettres des LSHB était un faux devoir imaginé par les khâgneux. Nous commençons à douter sérieusement de l'authenticité de notre évaluation de philo, mais nous nous y rendons à l'heure. La CPE nous amène une surveillante et repart.
« Je vais faire l'appel, annonce la surveillante. Et si j'écorche votre nom... C'est pareil ! »
Remous dans la salle. On murmure, on ricane. On doute de plus en plus.
La surveillante nous distribue le sujet. Mais quel sujet ! Un texte de Heidegger bourré du jargon propre à sa doctrine, incompréhensible pour nous, modestes bacheliers. Mais le plus drôle, c'est la question : “Que vous inspire ce texte ?”. À ce moment-là, on rit franchement. La surveillante insiste : nous devons réfléchir, les idées commencent toujours à venir au bout d'une heure... Les rires redoublent.
« Où est le prof ? interroge quelqu'un.
- Enlève ton masque, Jean-Pierre ! » lance un élève ayant eu notre professeur au lycée.
La surveillante ne parvient pas à garder son sérieux. Et soudain (qui a commencé ?) nous commençons à scander le nom du prof de philo en frappant en rythme sur les tables. La jeune fille est hilare.
« Je ne m'attendais pas à ça, avoue-t-elle. Vous semblez soudés, continuez ! L'union fait la force... Et ne vous inquiétez pas pour cette année : les profs sont sympas, les élèves bizutent mais ce n'est pas bien méchant, et tout le monde est passé par là.
- Vous aussi ? hasarde quelqu'un.
- Oui, moi aussi... Il y a un an exactement ».
Bande d'enfoirés.
Jeudi soir. On nous a prévenus de porter des vêtements qui “ne craignent pas trop”. On nous revêt de sacs poubelles, on nous fait des peintures de guerre : c'est un grand moment. C'est idiot, certes. On n'a pas l'air fin, avec nos sacs poubelles et nos gribouillis sur le front, sur les joues, sur les bras. Pourtant, il me semble que ce soir-là est important. Malgré l'appréhension que j'ai de la prépa et de son rythme de travail, l'atmosphère semble depuis le début soudée et conviviale, et cette soirée-là marque le coup. Dans quelques heures, nous ferons officiellement partie de la famille.
On nous attache deux par deux par le poignet. On nous lance des bombes à eau qui nous ratent, ha ha ! On donne à chaque “couple” un nom d'animal qu'il doit imiter (et en courant, s'il vous plaît) en remontant la rue du Taur. Mon professeur d'Histoire vous expliquerait que, lors des rites initiatiques, on passe souvent par une phase “d'ensauvagement” afin de devenir, dans la vie réelle, le contraire de ce que l'on a simulé : des êtres civilisés, charmants et sociables... Ma “sœur” et moi avons eu le serpent ; je vous accorde que ce n'est pas l'animal le plus drôle. Nous sifflons allègrement en ondulant des bras, chose assez difficile lorsque l'on est attaché. Nous débouchons sur la place du Capitole en hurlant.
La mission suivante, si nous l'acceptons, est de soutirer de l'argent à de pauvres passants innocents par deux moyens : soit on leur vend des bonbons à l'unité, soit on leur pose des questions (celui qui répond faux devant donner une pièce). Et bien, c'est fou ce qu'on peut gagner avec un peu de peinture et un sac poubelle. Si vous êtes fauché, un jour, essayez. Certes, certains sont excédés par tous ces jeunes sales et peinturlurés qui réclament de l'argent (cette tradition étant répandue dans toutes les classes prépas, et le centre de Toulouse comportant trois lycées proposant ces classes, on les comprend...). Certes, certains se moquent un peu de vous. Certes, beaucoup semblent ne pas parler Français. Certes, quelqu'un nous répond qu'il ne “cautionne pas ce rite décadent” qu'est le bizutage. Mais il y a aussi des gens très sympas, dont un certain nombre donnent même gratuitement, sans prendre de bonbon. Et on parle Anglais. J'ai réussi à apitoyer un Anglophone :
« We are in, hum, a school, and me must collect money. And if we don't, we will have... *moue inquiète..* troubles. »
N'empêche, il va avoir une bonne image de la France, maintenant.
Nous réunissons l'argent. Ma camarade et moi avons gagné quatorze euros et quelques : une bagatelle. Les grands gagnants, eux, en ont rapporté trente.
Nous rejoignons les LSHB pour une bataille de chantilly (nos khâgneux nous avaient fourni des munitions) et nous terminons par une petite rébellion.
Nous nous dispersons pour nous redonner forme humaine tandis que les khâgneux partent acheter de l'alcool avec le butin. Que je suis bête et fière dans la rue, en rentrant chez moi, couverte de peinture et de chantilly ! Nous nous retrouvons sous le pont Saint-Pierre : des bouteilles, des bouteilles, beaucoup de bouteilles. Et pas que du jus d'orange (d'ailleurs, je n'aime pas le jus d'orange). C'est ainsi que la soirée s'achève sur une joyeuse beuv... Sur une réunion conviviale et bien arrosée. Nous discutons avec les anciens, nous trouvons nos parrains et marraines. À un moment donné, tous les gens qui traînent par là, en voyant notre réserve de boissons, s'inscrustent et se servent. On dirait que toute la ville est là. Je finis par m'en aller : de toute façon, ceux avec qui je discutais sont déjà partis, y compris ma marraine, et j'ai faim. Oui, parce que je suis bêtement venue à l'heure que l'on m'avait donnée, sans prendre le temps de manger avant. Mon pas est un peu incertain, mais je suis lucide. Je rentre sans peine.
Que les habitudes se prennent vite. Trois semaines seulement se sont écoulées, et déjà tant de choses me sont familières. Et M... que j'ai l'impression de connaître depuis une éternité. Et les objets de notre studio qui ont tous un petit nom. James la bonde, Grégoire la passoire, Shéhérazade la salade. Et Diego le frigo, qui nous réveille parfois la nuit. Et tout cela qui me semble la vie d'une autre. Cela ne me semble pas réel, j'ai parfois du mal à me dire que oui, je suis étudiante, oui, j'ai quitté la maison de mes parents, oui, j'ai quitté Montpellier pour partir à l'aventure dans une autre ville, et oui, je suis en prépa (moi qui ai longtemps refusé ce choix...). Et si tout n'était qu'un rêve ? Et si tout cela n'avait jamais eu lieu, et si je n'étais pas rentrée, si je n'étais jamais allée à Toulouse ? Et si demain, je me réveillais chez mes parents ? Ah, ça, c'est fort probable, puisque j'y suis en ce moment... Ce week-end, je suis venue fêter l'anniversaire de ma sœur et voir quelques amis. Et puis d'abord c'est pas “demain”, c'est “tout à l'heure”.
Mon Dieu mon Dieu mon Dieu (je ne sais pas très bien pourquoi j'utilise cette expression, étant athée. L'héritage judéo-chrétien me poursuit malgré tout, je suppose). Je doute fortement que quelqu'un ait tout lu. Peu importe. Je ne sais pas si des gens passent encore ici, de toute façon. Bonne nuit.
Dimanche 24 août 2008 à 14:25
« Quel est ton but dans la vie ?
- Moi ? Aucun. Devrais-je avoir un but ?
- Bien sûr ! Nous avons tous quelque chose à accomplir. N'as-tu aucune ambition ?
- Ma foi, je ne sais pas. Qu'appelles-tu ambition ?
- Moi, par exemple, je suis fait pour le pouvoir. J'ai souvent de l'influence au sein d'un groupe. Je sais prendre des responsabilités. Je me sens capable de diriger pour le bien de tout le monde.
- Tu dis être fait pour le pouvoir... C'est seulement que tu l'as décidé ainsi. Et puis, qui es-tu pour savoir ce qui est bien pour tout le monde ? Et n'as-tu pas peur d'être prisonnier du pouvoir ?
- Comment ! Prisonnier ? Au contraire : lorsque tu décides, tu ne peux être plus libre.
- Lorsque tu décides, tu dois porter les autres sur tes épaules. Lorsque tu décides, tu es responsable non seulement de tes propres échecs, mais aussi de ceux d'une communauté. Lorsque tu décides, tu dois dompter une meute de courtisans malfaisants, courbant l'échine mais prêts à te dévorer, te supplanter à la moindre faiblesse. Cependant, les hommes de pouvoir souhaitent rarement abandonner leur position : lorsqu'ils la tiennent, ils en sont ivres ; ils tombent amoureux de leurs chaînes et s'y enferrent plus encore.
- Essaies-tu de dire que tu préfères te trouver au bas de l'échelle sociale ? C'est impensable !
- Non. Je déteste recevoir des ordres autant que d'en donner. Je respecte volontiers les règles nécessaires à la vie en communauté, mais pour le reste, je ne supporte pas que l'on me dicte ma conduite, que l'on critique mes choix ou que l'on me considère comme un pion. Je veux vivre sans chaînes, ni en haut ni en bas.
- Bon. Si tu ne t'intéresses pas au pouvoir, préfères-tu l'argent ?
- Pour quoi faire ?
- Parce qu'on ne peut pas vivre sans argent, pardi !
- Certes. J'essaierai d'en gagner un peu, puisqu'il le faut.
- Puisqu'il le faut ? C'est tout ? N'as-tu pas envie de sécurité, de confort, voire de luxe ? Avec l'argent, tu peux acheter tout ce que tu souhaites.
- Acheter, oui. Cela occupe toujours. J'entasserai les équipements superflus, je dépenserai mon argent pour des choses sans importance, je m'endormirai dans mon cocon, je m'abrutirai à force de cette paresse que l'on flatte déjà depuis mon enfance. Il me semble que l'on remplit ma tête de coton, que l'on me modèle, que l'on m'anesthésie pour me rendre inapte à affronter la vie. J'aimerais tant me lever, secouer cette couche de poussière ! Bouger, oui... Mais comment, dans quelle direction ? Je ne veux pas d'une vie fade. Il me semble parfois que je vis mieux en sortant, en me privant de sommeil, en m'épuisant : cela me distrait, cela me donne le sentiment de ne pas rester inactive, cela m'empêche d'être rongée par l'angoisse. Mais cela n'est qu'illusion : dix-huit ans ont passé, je n'ai encore rien fait.
- Bon sang ! Mais que cherches-tu alors ?
- Sait-on vraiment ce que l'on cherche ? Aujourd'hui tu souhaites le pouvoir et l'argent ; demain, cela ne te satisfera pas, tu verras qu'il te manque quelque chose. Des gens bien plus âgés que moi ne savent toujours pas ce qu'ils veulent. Peut-être parce qu'au fond, il n'existe aucun but. Quel objectif poursuivre lorsque la seule chose qui nous attend au bout du chemin est la mort ? Et si je te disais que l'important n'est pas ce que nous trouverons au bout, mais plutôt le chemin lui-même ? Et si, pour être satisfait de sa vie, il fallait simplement trouver les plus jolis sentiers et profiter du paysage ? Oh, je conçois qu'il est effrayant de ne pas savoir où l'on va, d'explorer sans but. Il ne s'agit que d'avancer, de satisfaire nos sens et notre plaisir esthétique : nous n'avons rien d'autre à faire en attendant la fin. Voilà ce qu'est la vie : une errance perpétuelle. »
- Moi ? Aucun. Devrais-je avoir un but ?
- Bien sûr ! Nous avons tous quelque chose à accomplir. N'as-tu aucune ambition ?
- Ma foi, je ne sais pas. Qu'appelles-tu ambition ?
- Moi, par exemple, je suis fait pour le pouvoir. J'ai souvent de l'influence au sein d'un groupe. Je sais prendre des responsabilités. Je me sens capable de diriger pour le bien de tout le monde.
- Tu dis être fait pour le pouvoir... C'est seulement que tu l'as décidé ainsi. Et puis, qui es-tu pour savoir ce qui est bien pour tout le monde ? Et n'as-tu pas peur d'être prisonnier du pouvoir ?
- Comment ! Prisonnier ? Au contraire : lorsque tu décides, tu ne peux être plus libre.
- Lorsque tu décides, tu dois porter les autres sur tes épaules. Lorsque tu décides, tu es responsable non seulement de tes propres échecs, mais aussi de ceux d'une communauté. Lorsque tu décides, tu dois dompter une meute de courtisans malfaisants, courbant l'échine mais prêts à te dévorer, te supplanter à la moindre faiblesse. Cependant, les hommes de pouvoir souhaitent rarement abandonner leur position : lorsqu'ils la tiennent, ils en sont ivres ; ils tombent amoureux de leurs chaînes et s'y enferrent plus encore.
- Essaies-tu de dire que tu préfères te trouver au bas de l'échelle sociale ? C'est impensable !
- Non. Je déteste recevoir des ordres autant que d'en donner. Je respecte volontiers les règles nécessaires à la vie en communauté, mais pour le reste, je ne supporte pas que l'on me dicte ma conduite, que l'on critique mes choix ou que l'on me considère comme un pion. Je veux vivre sans chaînes, ni en haut ni en bas.
- Bon. Si tu ne t'intéresses pas au pouvoir, préfères-tu l'argent ?
- Pour quoi faire ?
- Parce qu'on ne peut pas vivre sans argent, pardi !
- Certes. J'essaierai d'en gagner un peu, puisqu'il le faut.
- Puisqu'il le faut ? C'est tout ? N'as-tu pas envie de sécurité, de confort, voire de luxe ? Avec l'argent, tu peux acheter tout ce que tu souhaites.
- Acheter, oui. Cela occupe toujours. J'entasserai les équipements superflus, je dépenserai mon argent pour des choses sans importance, je m'endormirai dans mon cocon, je m'abrutirai à force de cette paresse que l'on flatte déjà depuis mon enfance. Il me semble que l'on remplit ma tête de coton, que l'on me modèle, que l'on m'anesthésie pour me rendre inapte à affronter la vie. J'aimerais tant me lever, secouer cette couche de poussière ! Bouger, oui... Mais comment, dans quelle direction ? Je ne veux pas d'une vie fade. Il me semble parfois que je vis mieux en sortant, en me privant de sommeil, en m'épuisant : cela me distrait, cela me donne le sentiment de ne pas rester inactive, cela m'empêche d'être rongée par l'angoisse. Mais cela n'est qu'illusion : dix-huit ans ont passé, je n'ai encore rien fait.
- Bon sang ! Mais que cherches-tu alors ?
- Sait-on vraiment ce que l'on cherche ? Aujourd'hui tu souhaites le pouvoir et l'argent ; demain, cela ne te satisfera pas, tu verras qu'il te manque quelque chose. Des gens bien plus âgés que moi ne savent toujours pas ce qu'ils veulent. Peut-être parce qu'au fond, il n'existe aucun but. Quel objectif poursuivre lorsque la seule chose qui nous attend au bout du chemin est la mort ? Et si je te disais que l'important n'est pas ce que nous trouverons au bout, mais plutôt le chemin lui-même ? Et si, pour être satisfait de sa vie, il fallait simplement trouver les plus jolis sentiers et profiter du paysage ? Oh, je conçois qu'il est effrayant de ne pas savoir où l'on va, d'explorer sans but. Il ne s'agit que d'avancer, de satisfaire nos sens et notre plaisir esthétique : nous n'avons rien d'autre à faire en attendant la fin. Voilà ce qu'est la vie : une errance perpétuelle. »
Vendredi 22 août 2008 à 19:17
Deux semaines bien remplies. Une semaine de camping, d'abord. Nous avons dû empêcher une tentative de suicide, puis nous avons causé avec le dealer du coin.
Trois jours chez moi, ensuite. Sortie au cinéma avec les autres “survivantes” (c'est-à-dire, celles qui sont restées jusqu'à la fin du camping) ainsi qu'avec Wata pour voir “La momie 3”. Ce n'est pas du grand cinéma, mais bon, ça se regarde.
Puis trois jours à Paris chez ma sœur. Emballage de cartons en vue de son déménagement, quelques visites, une expédition en solo au Sacré-coeur en ce qui me concerne (un Sénégalais m'a vendu un bracelet brésilien dans la rue et a presque tenté de partir dans mes bagages).
Et hop, on enchaîne sur trois jours en Auvergne. Quel contraste ! Quel calme, quelle splendeur sauvage après l'agitation de la capitale ! Vaches. Verdure. Cascades. Il y avait là quelque chose d'apaisant... malgré l'obstination de nos voisins de chambre d'hôtes à nous suivre partout ;-)
On a même trouvé un château médiéval peuplé d'êtres étranges.
Enfin, je quitte les montagnes auvergnates pour trouver une montagne... de choses à faire avant mon départ pour Toulouse.
[Photos :
- Pelouses du Trocadéro à Paris : "Pelouses et baignades interdites. Risques d'accidents à la mise en place des canons". Photo prise de mon appareil, mais par mon père. Évidemment, c'est la plus réussie... Il n'a pas été photographe pour rien.
- Une cascade de la vallée du Chaudefour.
- Deux occupantes du château de Murol.]
Trois jours chez moi, ensuite. Sortie au cinéma avec les autres “survivantes” (c'est-à-dire, celles qui sont restées jusqu'à la fin du camping) ainsi qu'avec Wata pour voir “La momie 3”. Ce n'est pas du grand cinéma, mais bon, ça se regarde.
Puis trois jours à Paris chez ma sœur. Emballage de cartons en vue de son déménagement, quelques visites, une expédition en solo au Sacré-coeur en ce qui me concerne (un Sénégalais m'a vendu un bracelet brésilien dans la rue et a presque tenté de partir dans mes bagages).
Et hop, on enchaîne sur trois jours en Auvergne. Quel contraste ! Quel calme, quelle splendeur sauvage après l'agitation de la capitale ! Vaches. Verdure. Cascades. Il y avait là quelque chose d'apaisant... malgré l'obstination de nos voisins de chambre d'hôtes à nous suivre partout ;-)
On a même trouvé un château médiéval peuplé d'êtres étranges.
Enfin, je quitte les montagnes auvergnates pour trouver une montagne... de choses à faire avant mon départ pour Toulouse.
[Photos :
- Pelouses du Trocadéro à Paris : "Pelouses et baignades interdites. Risques d'accidents à la mise en place des canons". Photo prise de mon appareil, mais par mon père. Évidemment, c'est la plus réussie... Il n'a pas été photographe pour rien.
- Une cascade de la vallée du Chaudefour.
- Deux occupantes du château de Murol.]